OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 [POUR PRÉPARER MNW3] Interview de Michel Allain (SACEM) http://owni.fr/2011/06/21/pour-preparer-mnw3-interview-de-michel-allain-sacem/ http://owni.fr/2011/06/21/pour-preparer-mnw3-interview-de-michel-allain-sacem/#comments Tue, 21 Jun 2011 13:53:46 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=71148 En amont de la troisième édition de Music Net.Works, qui aura lieu le 22 juin à La Cantine sur le thème “Les Métadonnées : vers un web intelligent ?“, nous avons souhaité amorcer le débat en allant à la rencontre d’acteurs évoluant en son coeur.

Le deuxième d’entre eux est Michel Allain, membre du directoire et directeur de l’Organisation et des Systèmes d’Information de la SACEM. Il évoque avec nous la base de données de la SACEM.

1ère partie :

- Quel est l’historique de la base de la Sacem ?
- Quels sont les acteurs et les bases de données qui peuvent interagir avec cette base ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

2ème partie :

- Pouvez-vous nous donner un exemple concret du renseignement de cette base ?
- Dans votre objectif de définir l’ISWC comme un standard pour l’industrie, où en êtes-vous dans les pourparlers avec les acteurs de la chaine de valeur et notamment ceux en fin de chaine ?
- Au niveau international, quid de DDEX ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

3ème partie :

- Concernant l’initiative d’une base de données commune de la musique, où en est la Global Repertoire Database (GRD) : objectifs, identifiants concernés, territoires, calendrier… ?
- Quel est le rapport entre GRD et DDEX, vont-elles se rejoindre ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Interview réalisée par Hugo Amsellem et Magalie Clapier

Article initialement publié sur Music.Net Works

Music.Net Works sur : twitter; facebook

Crédits photos CC (BY – SA) flickr certains droits réservés : thecameo

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[POUR PREPARER #MNW3] : Interview de Denis Gaucher http://owni.fr/2011/06/21/pour-preparer-mnw3-interview-de-denis-gaucher/ http://owni.fr/2011/06/21/pour-preparer-mnw3-interview-de-denis-gaucher/#comments Tue, 21 Jun 2011 12:05:47 +0000 Owni Music http://owni.fr/?p=71133 En amont de la troisième édition de Music Net.Works, qui aura lieu le 22 juin à La Cantine sur le thème “Les Métadonnées : vers un web intelligent ?“, nous avons souhaité amorcer le débat en allant à la rencontre d’acteurs évoluant en son coeur.

Le premier d’entre eux est Denis Gaucher, directeur du pôle publicité de Kantar Média. Il évoque avec nous la base de données BIPP, son utilité, les utilisations qui peuvent en être faites ainsi que les perspectives pour le développement de cette base de données.

1ère partie :

- Qu’est-ce que la base BIPP ?
- Depuis quand existe-t-elle ?
- Un exemple concret de son utilisation ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

2ème partie :

- La base est-elle accessible en ligne, et à qui?
- À qui appartient cette base, qui donne l’accès à d’autres pour utiliser ses informations?
- Avez-vous imaginé la possibilité de donner accès aux informations de votre BDD avec une API à des développeurs, bien sur contre échanges ?
- Quelle est la prochaine étape pour la base BIPP ?
- Dans quelle mesure pouvez-vous devenir la clé de voute d’un écosystème de données autour de la musique, est-ce possible de le faire?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

3ème partie :

- Quelles ont été les grandes étapes de l’initiative BIPP ?
-Avec cette complexité, comment appréhende-t-on le développement de cette base à l’international, ou simplement son accès à l’international ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

4ème partie :

- DDex et BIPP ça marche comment ?
- Êtes-vous partie prenante dans la construction de ce format d’échange ?

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Interview réalisée par Hugo amsellem et Magalie Clapier

Article initialement publié sur Music.Net Works

Music.Net Works sur : twitter; facebook

Crédits photos CC (BY – SA) flickr certains droits réservés : bionicteaching

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Youtube et Creative Commons, qu’est ce qui change ? http://owni.fr/2011/06/14/youtube-et-creative-commons-quest-ce-qui-change/ http://owni.fr/2011/06/14/youtube-et-creative-commons-quest-ce-qui-change/#comments Tue, 14 Jun 2011 14:02:29 +0000 Lionel Maurel (Calimaq) http://owni.fr/?p=32225 Après avoir fait des études en sciences politiques et en droit public à l’Université des Sciences Sociales de Toulouse, Lionel Maurel (aka Calimaq) devient Conservateur à la Bibliothèque nationale de France.
Il s’intéresse tout particulièrement aux questions juridiques liées à l’activité des bibliothèques, notamment tout ce qui touche à la propriété intellectuelle et aux droits d’auteur. Ce sont surtout les aspects liées à l’environnement numérique et aux nouvelles technologies qui retiennent son attention.
Calimaq écrit sur le blog S.I.Lex, est membre de l’ADBS (Association des Documentalistes et Bibliothécaires Spécialisés) et participe dans ce cadre aux travaux de la Commission Droit de l’Information, ainsi qu’à l’action de lobbying de l’IABD (Interassociation Archives/Bibliothèques/Documentation).

La nouvelle a été saluée par plusieurs articles et commentaires (jusque sur le site du Monde.fr) : le site de partage de vidéos YouTube permet enfin , depuis cette semaine, de placer ses créations sous licence Creative Commons (uniquement la CC-BY 3.0 [en]). Cette décision de Google – propriétaire de YouTube depuis 2006 – marque sans doute une étape importante dans l’évolution des médias sociaux et une opportunité pour la diffusion de la Culture Libre. Néanmoins, j’aimerais prendre un moment pour essayer de cerner ce que ce passage aux Creative Commons va changer exactement. L’infrastructure juridique de YouTube est en effet très particulière, comparée par exemple à une autre plateforme de partage autorisant l’usage des Creative Commons comme Flickr, et cela n’est pas sans incidence sur l’effet des licences.

(Ci-dessous, la première vidéo en Creative Commons créée sur YouTube sous licence Creative Commons – émouvant !)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Entre Copyright, Copyleft et (surtout) Copydown

Vous êtes nombreux déjà à reprendre des vidéos de YouTube sur vos sites et sur vos blogs, en faisant des embed, c’est-à-dire en copiant un bout de code HTML permettant de visualiser la vidéo en streaming à partir du lecteur de YouTube sur votre propre site (c’est une fonctionnalité de base proposée par YouTube). Or j’imagine que rares sont ceux parmi vous à vous être demandés si vous aviez le droit de procéder à un tel acte, et surtout, sur la base de quel fondement légal…

C’est pourtant une question fort intéressante, car a priori, les vidéos postées sur YouTube sont des objets protégés par le droit d’auteur, et l’embed réalisant un acte de représentation des oeuvres (par le biais du streaming), il devrait être soumis à l’autorisation préalable des titulaires de droits.

C’est en fait en direction des CGU (Conditions Générales d’Utilisation) de YouTube qu’il faut se tourner pour s’apercevoir que l’embed de la plateforme repose sur une base contractuelle, indépendante des Creative Commons, et ce depuis fort longtemps.

On y apprend que l’utilisation de YouTube fait naître entre vous et la plateforme un contrat, précisant à son article 8 que :

Lorsque vous soumettez du Contenu sur YouTube, vous concédez [...] à chaque utilisateur du Service, le droit non exclusif, à titre gracieux, et pour le monde entier d’accéder à votre Contenu via le Service et d’utiliser, de reproduire, de distribuer, de réaliser des œuvres dérivées, de représenter, d’exécuter le Contenu dans la mesure autorisée par les fonctionnalités du Service et par les présentes Conditions.

Or dans la liste des fonctionnalités du service figure (dès l’article 1) le « Lecteur YouTube » qui permet de réaliser les embed. Autant dire que les CGU de YouTube utilisent le procédé contractuel pour « neutraliser » le jeu classique des règles du Copyright et étendre les droits d’usage sur les contenus.

J’ai déjà eu l’occasion de décrire ce phénomène à plusieurs reprises sur S.I.Lex (ici par exemple pour les images) et proposé de lui donner le nom de Copydown, pour le distinguer justement de l’effet des licences libres comme les Creative Commons (Copyleft). Le Copydown est un élément important de l’architecture des plateformes de partage de contenus, agrégeant des User Generated Content. André Gunthert avait déjà fort bien montré à propos des images, comment ce mécanisme contractuel, combiné avec la technologie de la lecture exportable, conduit à une forme de « mort du copyright« . En général, le Copydown comporte deux faces distinctes : d’une part, la plateforme utilise ses CGU pour se faire céder une licence non exclusive très large, lui permettant de « s’approprier les contenus » (Twitpic a fait parler de lui récemment à ce sujet) et d’autre part, la plateforme peut élargir les droits d’usage sur les contenus, en prévoyant des dispositions spéciales dans ses CGU.

Qu’en est-il maintenant de YouTube et du passage au Creative Commons ? Pour donner une comparaison, quand j’utilise Flickr, je prends toujours garde à vérifier que les images soient bien placées sous Creative Commons avant de les reprendre sur ce blog ou de les intégrer à un support de formation. Pour les vidéos de YouTube, on pourra désormais faire de même, en cherchant des vidéos sous CC, mais à vrai dire, rien n’empêchera de faire comme avant, et d’aller piocher dans l’immense réservoir de YouTube, à condition d’utiliser le lecteur de la plateforme. La réutilisation est possible en vertu de la « magie noire » des CGU de YouTube… et du Copydown qui court-circuite la règle de l’autorisation préalable.

Pour le commun des utilisateurs de YouTube (comme moi), le passage au CC ne change donc pas grand chose. C’est plutôt pour les amateurs de remix que l’usage des licences libres ouvrent de nouvelles perspectives… mais là encore, prudence !

Une base légale pour la pratique du remix vidéo, mais…

C’est à partir de l’éditeur vidéo de YouTube que l’on a accès à la bibliothèque d’œuvres sous Creative Commons de YouTube. L’interface permet de rechercher des vidéos réutilisables à partir d’un moteur, de les enchaîner en une seule œuvre et de les associer à un morceau de musique, bref de réaliser un mashup ou un remix. Il est clair que l’existence de cette nouvelle source de contenus sous licence libre va se révéler très précieuse pour tous les amateurs désireux de se livrer à ces pratiques. La réalisation d’œuvres dérivées ou composites constitue en effet, en principe, un acte relevant des droits patrimoniaux de l’auteur (droit d’adaptation) et nécessitant son autorisation préalable. Les Creative Commons sur YouTube vont donc contribuer à fluidifier les pratiques, en fournissant un matériaux a priori réutilisable.

Néanmoins, il faut sans doute relativiser la portée du passage aux licences Creative Commons sur YouTube, qui ne pourront à elles seules régler le problème légal posé par le remix.

Dans sa FAQ consacrée aux Creative Commons, YouTube prend ainsi bien garde de rappeler des consignes essentielles d’usage de ces licences, et notamment que l’on doit être titulaire de TOUS les droits sur une oeuvre pour pouvoir la placer sous CC.

Please understand that you may ONLY mark your uploaded video with a Creative Commons license if it consists ENTIRELY of content licensable by you under the CC-BY license.

Some examples of such licensable content are:

* Your entirely originally created content

* Other videos marked with a CC-BY license

* Videos in the public domain

Or pour une large part, les amateurs de remix apprécient de pouvoir réutiliser non pas seulement des contenus produits par des anonymes, mais plutôt de détourner des oeuvres  commerciales populaires, pour en créer des adaptations, des prolongements ou susciter des collisions inattendues.

Ainsi par exemple, quand DJLobster veut fusionner en un même objet musical improbable un morceau de Nirvana et un autre de Lady Gaga, il réalise certes un mashup [en], mais aussi une contrefaçon, et dans ce cas, les Creative Commons ne peuvent être d’aucun secours, car les droits sur ces musiques appartiennent à une major (EMI en l’occurence) fort peu enclines à l’usage des licences libres. Résultat : si vous allez sur YouTube pour écouter l’œuvre dérivée de DJLobster, vous constaterez qu’elle a été retirée suite à une plainte des titulaires de droits [en] et qu’il ne reste qu’une coquille vide (voir ci-dessous ou là).

Cliquer ici pour voir la vidéo.

C’est le même processus qui avait conduit au retrait massif l’an dernier de tous les détournements réalisés à partir de la fameuse scène de l’accès de rage d’Hitler, tirée du film La Chute. En un sens, ces exemples montrent que si les licences Creative Commons peuvent bien sûr apporter une contribution importante pour faciliter la pratique du remix, le champ de bataille fondamental reste celui de la loi sur le droit d’auteur et, plus particulièrement, des exceptions et limitations au copyright. Le vrai combat consiste à faire reconnaître dans la loi un droit d’usage des œuvres qui ait une force équivalente au droit d’auteur, sur la base de la liberté d’expression et de participation à la vie culturelle. Aux États-Unis, le fair use (usage équitable) constitue un point solide pour livrer ce combat en faveur de la Culture Libre, comme le fait EFF depuis des années. En droit français, il reste énormément de travail à accomplir, car on se trouve immédiatement rejeté sur le terrain des maigres exceptions de parodie ou de courte citation, qui ne peuvent constituer le support de réelles libertés créatives.

Pour maximiser l’effet de la combo YouTube + Creative Commons, il faudrait à présent que des gros fournisseurs de contenus acceptent de verser dans la bibliothèque de la plateforme des masses importantes de vidéos en les « libérant » sous licence CC-BY. Des chaînes de TV comme Al Jazeera, C-Span ou Voice of America ont déjà réalisé des apports importants de contenus sur YouTube ; il faut espérer à présent que d’autres suivent, et pourquoi pas (soyons fous !) que des organismes comme l’INA par exemple participe à ce mouvement ?

Dernière limite que je perçois à l’usage des CC dans le domaine de la vidéo : la grande complexité de la chaîne des droits en matière d’audiovisuel (voyez ici). Utiliser les licences Creative Commons sur une plateforme comme Flickr est relativement simple, car une photographie possède en général un auteur unique qui va concentrer les droits au moment de la prise du cliché. Le droit des images a bien sûr ses subtilités, mais la photo n’en reste pas moins un support relativement favorable à l’usage des licences libres. Pour la vidéo, les choses sont beaucoup plus complexes, avec des multitudes de titulaires de droits de nature différentes (droit d’auteur, mais aussi droits voisins des interprètes et des producteurs). Une complexité redoublée lorsque des musiques sont associées aux images animées, comme l’avait fort bien montré Michèle Battisti dans ce billet.

On trouve parmi les photos de Flickr des usages fautifs des licences Creative Commons (ici par exemple) et il y a fort à parier que ces problèmes seront également fréquents sur YouTube, même si la plateforme a pris quelques précautions pour faciliter l’emploi des licences.

(La YouTube Copyright School a quand même de beaux jours devant elle…)

Cliquer ici pour voir la vidéo.

La licence CC-BY 3.0 US comme seule option (et ses conséquences)

Flickr propose à ces utilisateurs toutes les options des Creative Commons, permettant d’aboutir à 6 licences différentes, élargissant plus ou moins les droits d’usage. Sur YouTube, le choix a été limité à la seule licence Creative Commons Paternité (CC-BY 3.0 US) et ce choix est sans doute lié à la complexité du droit de la vidéo pointé plus haut.

La licence CC-BY permet la réutilisation de manière très large, en permettant la réalisation d’œuvres dérivées et l’usage commercial, à la seule condition de mentionner le nom de l’auteur de l’œuvre originale. Ce faisant, YouTube évite les problèmes épineux posés par la condition NC (pas d’usage commercial) : la délimitation de ce qui est commercial ou ne l’est pas sur Internet est difficile à tracer (un rapport de CC International réalisé en 2009 [en] n’avait pas apporté de réponse définitive). D’autre part, YouTube évite également les problèmes posés par la clause SA (Share Alike – Partage à l’identique des conditions initiales), chère aux défenseurs du Copyleft, mais complexe également à mettre en œuvre comme a pu le démontrer la récente affaire Houellebecq/Wikipédia.

La Licence CC-BY (celle que j’ai choisie pour S.I.Lex) possède en revanche un effet libérateur très puissant sur les contenus. En réalité, elle permet la réutilisation dans des conditions même plus libres que si l’œuvre était dans le domaine public « naturel ». Car en droit français, une œuvre dans le domaine public est toujours soumise au droit moral, et notamment au droit à l’intégrité, empêchant qu’on la modifie ou qu’on l’adapte sans autorisation des titulaires de droit. On peut donc dire que  grâce à la CC-BY, YouTube va devenir un nouveau lieu de cristallisation des « Biens Communs Volontaires » et c’est une très bonne nouvelle.

Une autre bonne nouvelle, c’est que la licence CC-BY est compatible avec les usages collectifs des œuvres (usage par des institutions, usage pédagogique et de recherche, etc), alors que le Copydown des CGU de YouTube était assez ambigu sur ce point, car il se réfère souvent à la notion vague « d’usage personnel non commercial », pas exactement superposable avec l’usage collectif.

Relevons cependant que YouTube va proposer seulement l’emploi des CC-By 3.0 en version américaine et cela peut poser quelques problèmes en droit français, comme l’a relevé fort justement Michèle Battisti sur Twitter :

@Calimaq @paul_keller Oui, mais sous licence CC 3.0 US. Seule licence possible ? De quoi commenter, non ?

Certes le contrat est la loi des parties, et on peut théoriquement choisir n’importe quelle licence Creative Commons pour ses œuvres, mais certaines particularités du droit français (comme la loi Toubon, Art. 5  notamment) font que la validité des contrats est mieux assurée lorsqu’ils sont traduits en français. Or seule les licences CC 2.0 ont fait l’objet d’une traduction et l’on attend toujours celle des licences 3.0 par Creative Commons France

Une bataille, mais pas la guerre…

Malgré les réserves que j’émets dans ce billet, l’adoption des Creative Commons par YouTube constitue un changement notable, à saluer dignement comme un jalon pour la promotion de la Culture Libre. Ses effets concrets dépendront à présent de la manière dont les vidéonautes alimenteront la bibliothèque sous licence libre de YouTube et des partenariats qui pourront être noués avec de grands fournisseurs de contenus.

Mais comme je l’ai dit, selon moi, le combat décisif pour la Culture Libre ne peut se limiter à la sphère contractuelle, et c’est dans la loi qu’un véritable droit à la réutilisation créative doit être inscrit, à l’égal du droit d’auteur.

Billet initialement publié sur :: S.I.Lex ::

Image Flickr CC Paternité Giuli-O; conrado reis

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Un label qui tient le shock ! http://owni.fr/2011/06/09/ekleroshock-label-musique/ http://owni.fr/2011/06/09/ekleroshock-label-musique/#comments Thu, 09 Jun 2011 14:49:48 +0000 Lara Beswick http://owni.fr/?p=32158 Nous avions déjà eu l’occasion d’interviewer Matthieu Gazier en tant que représentant français de Mobile Roadie. Aujourd’hui, c’est en tant que fondateur du très bon label Ekler’O’shock que nous lui proposons de s’exprimer. Bosseur passionné, Matthieu a plus d’une corde à son arc et sait intelligemment les combiner afin d’atteindre ses objectifs. C’est à l’occasion d’une exposition organisée pour fêter les 9 ans du label à la galerie La Tour que nous décidons d’en savoir plus sur l’homme à l’origine d’Ekler’O’shock, mais pas seulement… Le roster du label est majoritairement constitué d’artistes électro mais attention, ici, le terme prend une tout autre couleur…

Nous avons questionné Matthieu sur ses intentions, motivations, ainsi que sa vision de l’avenir de l’industrie de la musique. Bref, il nous livre quelques insights de la part d’un professionnel dont les projets de qualité prennent forme.

Afin qu’il ne soit pas le seul à parler de son travail, nous avons invité à Sophie Paumelle, co-fondatrice de l’agence Laps, un atelier de création de à nous parler du label.

EOS.MMX – The Summer Solstice Edition One by EKLER’O'SHOCK/EOS RECORDS

Interview Matthieu Gazier

Pourrais-tu nous décrire ton parcours en quelques lignes ?

1996-1998. J’organise mes premières soirées pendant mes années de lycée à Carnot à Paris avec mon ami Sacha Sieff. Lui joue du hip-hop US, du funk, du rap français, moi de l’electro, de la techno, de l’acid. Ce sont les années où l’on écoute Oxmo Puccino, NTM, Cypress Hill, le Wu Tang, mais aussi Daft Punk, Luke Vibert, les émissions spéciales de radio FG le soir.. J’achète mes premiers disques, je découvre les raves, je passe mon BAC.

1999-2003. Je rentre en école de commerce à l’ESSCA, commence à faire des stages pour Sony, l’agence de promotion Ping Pong, la web agency Supergazol. Parallèlement à ça, je monte une association Hip-Hop qui s’appelle “Boombass” au sein de mon école. L’année suivante, je passe à la vitesse supérieure en montant ma propre association pour lancer un label juste après un séjour de 6 mois à Montréal ou je rencontre la branche nord américaine du label Ninja Tune. A l’époque, à part quelques contacts en radio et chez des djs, je ne connais quasiment rien de la gestion d’un label. J’achète quelques bouquins de l’IRMA, et je me lance avec une première signature repérée sur le forum / site Elektrolink.

2003-2007. Parallèlement à mon poste de content manager France pour Musiwave, le premier distributeur de musique mobile, je continue à développer le label. Je signe Data, Danger, Sacha Di Manolo, Léonard de Léonard.

2007. Je m’associe avec Elegangz et développe les activités du label: plus d’événementiel, de collaborations avec des marques et d’autres artistes.

2009. Je monte deux sociétés, l’une pour les activités de production et de conseil, l’autre d’édition. Danger est notre première signature en co-édition avec Universal. Diverses missions de conseil pour MXP4 et Elegangz notamment.

2010. On signe Paris.

2011. On signe Limousine et Maxence Cyrin. Je poursuis mes activités de conseil en nouvelles technologies, toujours étroitement en lien avec la musique, en prenant la représentation en France de Mobile Roadie. Le label fête ses 9 ans et sort une compilation et organise une exposition à l’occasion.

Matthieu, nous t’avons déjà interviewé auparavant mais en tant que représentant français de Mobile Roadie. Alors, Michael Schneider avait fait la déclaration suivante : “Music is a commodity”. Aujourd’hui, en tant que fondateur d’Ekler’O’shock, comment réagis-tu à cette déclaration ?

Je comprends ce que veut dire Michael Schneider quand il dit ça, car il souhaite montrer que c’est l’environnement et l’expérience que tu vas créer autour d’un artiste qui fait sa valeur ajoutée aujourd’hui, pas simplement son single ou son album.

Il sait très bien de quoi il parle, comment optimiser l’activation d’une base de fans, comment créer une relation nouvelle entre un artiste et son public. En revanche, la musique doit rester l’élément moteur et premier pour moi, donc le métier de producteur reste toujours aussi fondamental aujourd’hui.

Tu nous avais aussi mentionné la différence entre les artistes français et les artistes anglo saxons qui prennent plus facilement en main leur communication via les réseaux sociaux. Comment arrives-tu à expliquer à tes artistes l’importance d’être présent et de s’impliquer dans l’animation de leurs comptes sociaux ?

Je pensais plus aux majors à l’époque en te répondant, je pense que les artistes de mon label comme ceux de nombreux petits labels indépendants s’en sortent particulièrement bien. La communication sur les réseaux sociaux se fait très naturellement chez eux, beaucoup de mes artistes sont autonomes et actifs sur Facebook, Twitter, ou MySpace (à l’époque..). Notre job à nous, label, consiste à créer là aussi un environnement fort sur ces réseaux, en proposant de l’achat de musique, de merchandising, des opérations spéciales, du contenu vidéo, des applications, etc.

Ces temps-ci, nous couvrons plus de fermetures de labels que “d’anniversaires”, pourrais-tu nous donner quelques secrets pour survivre ?

Le modèle d’Ekler’o’shock est de pouvoir produire la musique des artistes, de la faire vivre et la promouvoir le mieux possible.
Pour autant, ni moi ni mes artistes ou mes associés ne vivons économiquement d’Ekler’o’shock en tant que personnes à 100%.
Le label n’est donc pas un “employeur” au sens que peut l’être une entreprise. Nous sommes en effet plus proches du modèle de la coopérative que de la PME ou de la boite de prod finalement.

Je ne me paie pas de salaire, j’ai minimisé mes charges grâce à l’association que j’ai avec une agence qui m’héberge, on contrôle nos dépenses, et je privilégie un mode de fonctionnement artisanal qui me plait assez.

Data et Danger s’en sortent très bien et on peut dire qu’ils vivent de la musique, mais ce sont leurs prestations live qui sont vraiment rémunératrices pour eux, pas leurs disques.

Enfin, on bosse énormément la synchronisation publicitaire, les relations avec des marques pour des projets spéciaux, et puis Ekler’o’shock propose des missions de conseil à divers acteurs. Polydor, Naïve ou Franklin & Marshall font partie des clients avec qui nous avons récemment travaillé sur le conseil, Citroën, Nissan ou encore Agnès B ou Wrangler sur des opérations de synchro ou de partenariats avec nos artistes.

Selon toi, quelles sont les tendances à suivre dans l’industrie musicale ces prochaines années ?

D’un point de vue business, je serais assez concis :

  • les nouvelles offres d’abonnement (mobile, web, telephone fixe et TV + téléchargement de musique / films illimité) étendues à tous avec du dual delivery systématique ordi/mobile,
  • le stockage en ligne de musique, le fameux “cloud”
  • à terme, la licence légale
  • une amélioration de la qualité sonore des morceaux proposés en téléchargement,
  • et aussi une certaine résurgence du disque vinyle et d’une bonne presse papier.

Musicalement, j’espère continuer à voir le niveau de la production progresser, et découvrir chaque jour de nouvelles perles. C’est le cas en ce moment et c’est très agréable. La dance music heureusement, c’est aussi une musique qui peut être raffinée, poétique et sincère, pas telle qu’on la diffuse sur M6 ou Fun Radio. J’espère qu’après les succès internationaux des Daft Punk, Air, Mirwaïs, Justice puis Guetta aujourd’hui, le spectre va continuer à s’élargir pour laisser de la place à tous les courants de la musique électronique sur des réseaux commerciaux puissants. Que des artistes français déjà très reconnus en electro comme Ivan Smagghe, Joakim, Arnaud Rebotini, Cosmo Vitelli, Nôze ou Pilooski infiltrent la musique mainstream et lui redonnent une once de sophistication et d’authenticité.

Je suis pour l’entrisme musical, quitte à ce que ce soit agressif, et ce aussi bien dans la pop mainstream que dans la réalisation de B.O de films.

J’espère aussi sincèrement que des radios comme NRJ ou FUN vont perdre un peu de leur hégémonie sur le paysage audiovisuel français, que la jeunesse va reprendre goût à la contestation en musique, à créer ses propres médias, ses réseaux, et pas suivre bêtement MTV et NRJ. Je comprends le métier de ces gens là, et je le respecte, simplement j’ose espérer que subsistera toujours chez les jeunes un souffle de contestation.

Nous apprécions chez OWNImusic la façon dont vous soignez la qualité musicale et esthétique de vos projets. C’est un aspect qui a généralement été abandonnée par les labels qui favorisent des productions éphémères au potentiel financier immédiat. Cette démarche qualitative requiert un certain investissement et j’imagine que si vous l’adoptez chez Ekler’O’shock, c’est que le retour sur investissement est correct. Comment en persuaderais-tu tes homologues ?

C’est une volonté vraiment personnelle qui n’a rien à voir avec une question économique de retour ou pas sur investissement.
Je me dis simplement qu’on se doit de rendre nos objets beaux, attirants, uniques, surtout à cette époque. Il y a aussi dans un label, comme dans toute entreprise, une “démarche” qualité à suivre. Avec le temps, on essaie de s’améliorer, de se bonifier avec l’âge.

Vous avez organisé une exposition à la galerie La Tour à l’occasion de la sortie de votre nouvelle compile ? Quel est l’intérêt pour un label de s’engager dans une telle démarche ?

J’avais l’envie de nous exposer médiatiquement hors du simple cadre de la musique. Que des gens comprennent ce qu’est un label, en quoi ça consiste, et aussi de montrer qui nous sommes.

On a rédigé un communiqué pour l’occasion, qui explique notre démarche depuis nos débuts en 2002. Beaucoup de gens ne nous connaissent que par un ou deux artistes, la partie la plus visible du label. On avait envie de leur faire découvrir tout le reste. Enfin, c’est aussi un moment fort pour saluer tous les gens qui ont travaillé avec nous de près et de loin. Et ils sont nombreux.

“Nous voulons notre futur ambitieux, musicalement et esthétiquement.” A quel grand changement devons-nous nous attendre avec votre “passage à l’âge adulte” marqué par la sortie de la compilation EOS MMX ?

En premier lieu, nous allons nous consacrer à la production de formats longs avec des nouveaux albums pour Limousine, Maxence Cyrin, Alexandre Chatelard, Data, Danger et Paris. Ensuite, nous sommes progressivement en train de mettre un pied dans le cinéma, le documentaire, la fiction, avec des compositions originales.

J’ai vraiment envie de de développer un catalogue éditorial qui soit encore pertinent dans 10 ans, pas simplement de la club music ou du rock du moment. Enfin, je m’engage à ce que malgré ce passage à l’âge adulte, personne de nous enlève notre fougue et notre passion. Ca fait partie de notre quotidien, et c’est très bien comme ça.

Interview Sophie Paumelle (Laps)

Sophie Paummel a fondé Laps avec Amélie Lengrand en 2007 après avoir effectué leurs premier projet ensemble au café chéri. Sophie Paumelle est photographe et chef de projet pour l’artiste JR. Amélie Lengrand est artiste peintre, architecte de formation.

Quand Matthieu a parlé de monter cette expo, l’équipe de Laps, proche de l’équipe d’Ekler’O’shock est dispo et veux soutenir la démarche de Matthieu. Elles se sont occupées de la scénographie de l’expo.

Les particularités d’Ekler’O’shock ?

Eclectique : je trouve que tous les artistes représentés sont différents tout en ayant une certaine unité. On sent que c’est un label où les gens se connaissent, les artistes sont assez solidaires.

Avant – gardiste : Il a commencé il y a pratiquement dix ans, ce n’était pas forcément un style qui était en place.

“Passage à l’âge adulte” ça veut dire quoi selon toi ?

Ça veut dire qu’il est plus en place qu’avant, plus professionnel, plus fini dans un style qu’il paufine un peu. Par exemple, je sais que Paris sont chez Ekler’O’shock depuis peu, peut-être qu’il veut se diriger vers un style plus précis.

Quoiqu’il arrive, monter un label avec des musiciens, ça reste mystique parce qu’il y a des choses que tu ne peux pas prévoir.

Tes artistes préférés chez Ekler’O’shock ?

J’aime bien Paris, Alexandre Chatelart (mélo, décalé, avec un vrai style) et puis Xerak forcément. C’est quelqu’un que j’aime beaucoup, il se met vraiment en scène, c’est de la performance pour le coup.

Que pourrais-tu nous dire sur Matthieu ?

C’est quelqu’un de fiable, de sérieux, qui bosse dur sur son projet. Il le porte bien parce que c’est le sien et il soigne tous ses artistes.

Qu’as-tu pensé de l’expo ?

Un peu court, c’est une démarche qu’il faut faire une deuxième fois pour faire toujours mieux. Je trouve qu’il manquait une mise en scène qui mène les gens vers la musique. Quelque chose pour comprendre que c’est un label et je serais ravi de le faire la prochaine fois ;)

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Oeuvres photographiées (sucettes et logo en pâte fimo) : Alexandra Bruel

Crédits photos tous droits réservés : Julien Paumelle

Interview réalisée par Lara Beswick

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Le SPOT Festival vu et entendu par Sourdoreille http://owni.fr/2011/06/08/le-spot-festival-vu-et-entendu-par-sourdoreille/ http://owni.fr/2011/06/08/le-spot-festival-vu-et-entendu-par-sourdoreille/#comments Wed, 08 Jun 2011 12:28:15 +0000 Sourdoreille http://owni.fr/?p=32121 Après avoir entendu Sami Battikh sur les projets estivaux de l’équipe de Sourdoreille, voici leur premier reportage de l’été. Il s’agit de vidéos prises lors du SPOT festival et les découvertes sonores sont plus excitantes les unes que les autres. Enjoy the trip powered by @sourdoreille !


Agrandir le plan

Århus ou Aarhus ? Depuis le 1er janvier, on dit Aarhus, sachez-le ! Si l’orthographe dans la deuxième ville danoise par la taille ne vous intéresse pas, sachez par contre qu’il s’y déroule un chouette festival qui permet de prendre la température scandinave et de fricoter un peu avec les tendances musicales du nord de l’Europe. Mise en bouche à quelques heures du Spot festival, où notre crew s’installe dès vendredi.

Posée entre la mer du Nord et la Baltique, Aarhus, deuxième ville du Danemark, héberge 20 % des Danois. La ville de transit maritime vers Göteborg (Suède) se distingue par ses baraques colorées en bordure de plages. Les 27 et 28 mai, elle fera parler d’elle pour une toute autre raison. Pendant deux jours, le Spot festival prend ses quartiers. Une espèce de petite soeur danoise des Transmusicales rennaises ou de l’Eurosonic hollandais – la dimension mondiale en moins. Elle passera en revue toute la scène émergente de l’Europe élargie. D’Islande aux îles Féroé en passant par la Norvège et la Finlande, le Spot propose plus d’une centaine de concerts dans toute la ville.

Ne pas s’attendre donc à croiser ici les Raveonettes ou The Hives : le seul nom vraiment connu s’appelle WhoMadeWho. Pour le reste, tous les styles ont droit de cité : du metal au jazz en passant par le hip-hop et les fanfares punk, le spot est un joli patchwork nordiste.

Facile donc d’attiser la curiosité, un peu moins d’établir son parcours musical dans ce labyrinthe musical où les professionnels (tourneurs, programmateurs, labels…) viennent faire leurs courses.

Lives :

Treefight For Sunlight

« Electro pop dépassée, pop pétillante, pop art, pop sombre ou encore pop rêveuse féerique. Le SPOT ouvre son sac et laisse s’échapper toute la pop qu’il contient ! ». Verbatim d’un festival qui ne ment pas sur sa marchandise. Sa plus belle pépite ? Peut-être Treefight For Sunlight.

Pour situer le niveau, le gang de Copenhague est quand même sous la coupe du précieux label Bella Union, à qui l’on doit les dons du ciel que sont Andrew Bird, Fleet Foxes, Midlake ou Explosions in the Sky.Hâtivement présentés comme les MGMT danois, Treefight for Sunlight est en réalité une machine pop qui s’est seulement mise en marche en ce début d’année, grâce à un premier disque « A Collection of Vibrations for Your Skull » qui a valu une belle surchauffe à la bande FM danoise. Sur scène, notre plaisir est immédiat. Ces mecs donnent le sourire et leurs éclaircies psyché vous chassent les nuages du soir.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Budam – The Bicycle

Claquer des mains sans qu’elles ne se touchent. Préparer un masque sans jamais le porter. S’enfariner le visage, étonner et émouvoir un public. Le set de Budam est un jeu, de rôles, de gammes. Un jeu burlesque, entre eux, avec nous, contre les codes. Eux trois s’amusent de la matière, sonore et visuelle. On a vu 25 minutes, on devait partir. C’était trop peu pour ne pas être frustrés. Assez pour vous dire que ça nous a touchés.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

F.U.K.T.

Pour un festivalier égaré au Spot et faisant de l’urticaire devant les concerts de pop, il faut la jouer fine. Une des solutions de la première journée de vendredi était d’aller faire chauffer ses tympans devant F.U.K.T., dignes représentants de la scène électro-dub danoise.Les trois gars encapuchés récolteront au passage un compliment difficile à nous arracher : oui, il y a chez ce groupe formé en 2006 des airs d’Ez3kiel du début, époque « Handle With Care ».

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Sessions accoustiques :

Figurines – Good Old Friends

Si sa région du Groenland lui était rattachée, le Danemark serait le plus grand pays d’Europe. Ces rêves de grandeur oubliés, Figurines contribue à replacer, à défaut de mieux, le pays sur la mappemonde de l’indie-rock. C’est toujours ça de pris. « Skeleton », second album paru en 2005, avait alors chatouillé les oreilles d’esthètes de la pop qui auraient pour dieux The Kinks ou Brian Wilson. Un son simple, frontal, armé de voix haut-perchées, et s’installant immédiatement dans notre petit crâne.A domicile (ou presque), on leur a proposé une session acoustique à la sortie du centre des impôts de Aarhus, sous l’œil curieux de ses employés.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Mugison – Murr Murr acoustique

Si vous ne connaissez pas Örn Elías Guðmundsson, vous avez peut-être déjà entendu parler de Mugison. Originaire d’Islande, ce barbu jovial possède un répertoire assez déroutant. Tout seul sur scène, à l’aise dans la peau d’un bluesman bourru ou dans celle d’un folkeux à fleur de peau, ce fils de chanteur de karaoke était attendu au Spot.En marge de son concert, on l’a emmené se promener avec sa guitare au bord de l’Århus Å, petite rivière à quelques pas du site du festival. Assis dans l’herbe, Mugison nous joue Murr Murr, titre qui l’a révélé à sa sortie, en 2004.

Hymns from Nineveh – So Mournful the elegy

Quand il a fallu se fader près d’une centaine de groupes à écouter pour n’en garder qu’une poignée qui illustrerait au mieux, selon nous, la scène danoise, on nous a soufflé le nom de Hymns from Nineveh.

On aurait bien eu tort de ne pas tendre l’oreille. Jonas Petersen est à la tête d’un groupe folk où violon et accordéon ont trouvé leur juste place. Leur superbe titre acoustique So Mournful the elegy, son comforting the hymn, joué sur un comptoir de bar délaissé, est une belle façon de clore notre séjour ici, à Aarhus. Après les Pays-Bas, la Norvège et l’Italie, on les attend désormais en France. Vite.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

10 (contre)-vérités pour un festival danois

- On commence par une mise en garde : si vous n’aimez pas la pop au Spot Festival, on vous promet une mort lente et douloureuse.

- Sur la foi de ce seul clip, on voulait intégrer Darkness Falls à notre web-TV. On les a même filmés… mais pas de mise en ligne. Dans la pléthore de groupes inconnus au bataillon, on tombe vite dans un guet-apens.

- La présence de canettes et autres bouteilles en verre ne pose aucun problème dans les salles.

- Dans nos cerveaux de français, le F.U.K.T 2011 fait joliment écho au EZ3KIEL 2001.- Ici, à Aarhus, les gens savent se tenir. Pas ou peu d’effluves éthyliques.

- Sur chacune des (douze!) scènes, on notera que le public est massivement présent.- La vodka est moins chère que la bière.

- Même en mai, on est en novembre. Il pleut, il fait froid et il y a du vent. L’année prochaine, on ira au Primavera.

- Les Danois et les Danoises sont beaux, mais il y a deux caps culturels à dépasser : 1) leur vision capillaire de la mèche. 2) ils ont un problème avec le sel.

- A 4h du mat, il fait jour.


A lire : l’interview de Sami Battikh

Articles initialement publiés sur : Sourdoreille

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Le sourdoreille tour des festivals 2011 http://owni.fr/2011/06/07/le-sourdoreille-tour-des-festivals-2011/ http://owni.fr/2011/06/07/le-sourdoreille-tour-des-festivals-2011/#comments Tue, 07 Jun 2011 13:57:38 +0000 Sourdoreille http://owni.fr/?p=32086 Nous avons découvert l’équipe de Sourdoreille il y a quelques temps déjà. Dynamiques, ambitieux et patients, les membres de cette jeune équipe se sont spécialisés dans la vidéo musicale et nous ont proposé de vous faire partager leur voyage estival traditionnel. Du SPOT festival au Danemark à Rock en Seine, ils nous feront découvrir des artistes tout au long de l’été. Un voyage à la fois visuel et sonore.

Sourdoreille, en nous permettant de découvrir des festivals auxquels nous n’aurons probablement jamais l’occasion de nous rendre, a aussi pour ambition de nous montrer les cultures locales par le biais des artistes. L’équipe sélectionne des artistes selon leur pays, puis les présente via des interviews, des captations de live et des sessions acoustiques. Sourdoreille se rendra au festival Papillons de Nuit, aux Eurokéennes, au festival des Vieilles Charrues, à l’Atropolis, à Rock en Seine et à l’Art Rock. Cette année, ils nous emmèneront vers des contrées plus lointaine en couvrant le FME festival au Canada, le festival Gnaoua d’Essaouira au Maroc, ou encore le SPOT festival au Danemark.

Afin d’inaugurer ce voyage au cœur des festivals, nous avons demandé à Sami Battikh de présenter ses projets et son équipe. Et, nous en avons bien évidemment profité pour avoir son point de vue sur des questions que nous nous posons généralement sur OWNImusic.

Pourrais-tu nous présenter ton équipe en quelques lignes  ?

Sourdoreille est un collectif formé depuis 5 ans et qui regroupe aujourd’hui une vingtaine de personnes. Nous sommes tous issus du milieu du journalisme, de l’audiovisuel ou de la culture. L’idée est de mettre nos compétences professionnelles au service d’un projet éditorial fort : une couverture du milieu musical décalée sur le fond, mais avec une exigence sur la forme.

Vous avez fort bien compris le principe du partage, que vous utilisez sans modération afin de vous rendre visible sur le web. Comment faites-vous pour résister à l’automatisme de prendre cet échange pour du vol ?

Nous sommes tous des utilisateurs d’outils de partage, notamment pour la musique. Chacun, à titre personnel, comprend les avantages d’une libre circulation de la culture.

Il était donc assez évident que notre projet, qui a vocation à faire découvrir des artistes que nous soutenons, ne pouvait que s’inscrire dans cette logique.

Cela ne veut pas dire que nous ne nous soucions pas du respect des droits des auteurs et interprètes. Nous précisons à nos interlocuteurs l’exploitation que nous faisons de chacune des vidéos mises en ligne, toutes sous le statut creative contents. Notre intérêt est de rendre nos productions visibles au-delà de notre site, via des relais extérieurs. Après, nous essayons de rester vigilants sur le respect des sources et demandons à chaque fois une citation de l’origine de la production, avec si possible un lien vers notre site.

Comment pensez-vous monétiser votre activité ? Combien de temps avez-vous pris et quels étaient les pré-requis que vous vous êtes fixés avant de penser à quitter vos jobs respectifs ?

Notre site est totalement dépourvu de publicité. Et il n’est pas question d’envisager de faire payer l’internaute pour accéder au contenu.
À partir de là, nous avons fait le pari de développer notre projet éditorial, notamment le concept des web-TV de festivals, en sachant que cette activité resterait déficitaire pendant encore quelques années.

L’idée, c’est donc, pendant ce laps de temps, de développer des activités vidéo annexes génératrices de revenus. Depuis quelques mois, nous avons donc monté une société de production vidéo à destination des professionnels de la musique. Le principe est de profiter de notre savoir-faire, et de notre positionnement privilégié sur le secteur des musiques actuelles, pour offrir aux structures des prestations vidéo de qualité et avec la même réactivité que sur nos web-TV de festival.

À côté de ça, nous développons également d’autres projets : web-documentaires en rapport avec la musique, clips et EPK, réalisation de web-TV de salles de concert, émissions pour des chaînes de télévision ainsi que des formations vidéo.

Depuis septembre dernier, nous sommes deux membres du collectif à avoir quitté nos boulots respectifs pour nous consacrer entièrement à Sourdoreille. Nous avons monté une société sous forme coopérative avec 12 associés. Un troisième permanent va nous rejoindre d’ici le mois de novembre. Les autres associés sont sollicités de façon ponctuelle.

Pourquoi se spécialiser dans le webdoc et la musique ?

Nous ne sommes pas vraiment spécialisés dans le web-doc musical mais plutôt dans la vidéo musicale.
Les web-TV de festivals sont vraiment la colonne vertébrale de cette activité. Mais c’est tout naturellement que nous travaillons depuis quelques mois sur la réalisation de web-doc. Notre collectif n’est pas simplement composé de techniciens vidéo. Nous avons aussi des journalistes et des acteurs culturels. Il était donc assez logique pour nous de mettre à profit ces compétences, de les coupler à nos moyens techniques, pour aller au-delà d’une simple couverture live (concert et acoustique) d’événements musicaux.

Ce genre nous permet d’explorer de nouvelles formes éditoriales. Par exemple, sur le festival Art Rock, qui débute dans quelques jours, nous allons réaliser un documentaire qui s’interrogera sur la place du corps dans la musique.

A quoi va ressembler, selon vous, le futur de la vidéo avec la montée du web ? On ne voit pas encore de “spotify” de la vidéo…

C’est toujours hasardeux de faire des pronostics, surtout lorsqu’il s’agit des nouvelles technologies.

Ce qui nous semble assez sûr, c’est que la musique fait partie des piliers d’internet. Et qu’en même temps, la musique se vit de plus en plus avec la vidéo. Les groupes font ainsi de moins en moins d’albums mais de plus en plus de vidéos (clip, EPK, captation live).

Désormais, pour découvrir un groupe ou un titre en particulier, les internautes ont autant le réflexe de le chercher sur Youtube ou Dailymotion que d’aller sur le Myspace du groupe !

Quand je vous dis “live augmenté”, vous pensez à quoi ?

À un potentiel encore inexploré. Mais plus précisément, pour le moment, à pas grand-chose.
Aujourd’hui, les innovations technologiques n’ont pas vraiment permis d’apporter un réel plus à la couverture vidéo des concerts. Il y a bien eu quelques expériences ces dernières années, mais qui étaient plutôt de l’ordre du gadget que d’un réel progrès.

Tout reste donc encore à inventer. Je pense que la vraie plus-value se fera lorsqu’on arrivera à inclure le spectateur dans la couverture de l’événement. Avec le développement des nouveaux smartphones et des plateformes de streaming en direct via ces appareils (Broacaster, Orson), il devrait être possible, prochainement, d’utiliser ce contenu en direct dans la réalisation d’un live.

Parlez-nous de vos projets de l’été, à quoi s’attendre avec Sourdoreille en tournée ?

Le Sourdoreille web-TV Tour 2011 est déjà lancé. Nous allons couvrir une quinzaine de festivals, avec l’objectif d’offrir un panorama assez varié de l’univers des festivals en France et dans le monde. Nous réaliserons ainsi les web-TV des Vieilles Charrues, des Eurockéennes ou encore de Rock en Seine.

Ready for the trip ;)

Mais à côté de ça, nous couvrirons des festivals de plus petites tailles tels que les Rockomotives, les Indisciplinées ou encore Astropolis. Comme pour le choix des artistes filmés, nous essayons toujours d’offrir une visibilité à des structures plus modestes mais qui nous correspondent artistiquement. Cette année, l’accent sera également mis sur les découvertes à l’étranger avec des web-TV au Danemark, au Maroc ou encore au Canada. Sur ces web-TV, l’idée est de vraiment coller au plus proche de la culture locale.

Quel est le festival ou/et l’artiste dont tu te réjouis le plus ?

C’est vraiment impossible de choisir. S’il fallait ne garder qu’un artiste ou festival sur cet été, peut être faudrait-il retenir les Vieilles Charrues. Le plus grand festival de France fête en effet ses 20 ans, et cet anniversaire promet d’être assez mémorable. Et comme souvent, ce sera tout autant grâce aux artistes qu’au public !

Quelle a été votre plus belle aventure avec Sourdoreille jusqu’à aujourd’hui ?

La couverture du FME au Québec fut un beau projet. C’est un festival à taille humaine, situé à Rouyn, ville minière pleine de charme à quelques heures de Montréal. Nous avions réalisé une web-TV exclusivement consacrée à la scène locale. Et on y retourne cette année !

Un petit aperçu de ce qui vous attend :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Retrouvez Sourdoreille sur : twitter; facebook; site officiel

Crédits photos CC flickr : khürt; asleeponasunbeam

Interview réalisée par Lara Beswick

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Les mondes parallèles des Beastie Boys http://owni.fr/2011/05/12/les-mondes-paralleles-des-beastie-boys/ http://owni.fr/2011/05/12/les-mondes-paralleles-des-beastie-boys/#comments Thu, 12 May 2011 15:09:56 +0000 Gwen Boul http://owni.fr/?p=31817 Hier, Gwen de Centrifugue nous emmenait dans la galaxie des Beastie Boys pour en explorer tous ses recoins. Mais à force de grossir, cette galaxie voit parfois la réalité se déchirer, révélant des mondes parallèles, quand ce ne sont pas des zones entières qui se métamorphosent suite aux assauts des remixeurs. Tentative de cartographie d’un espace à multiples dimensions.

Les « side projects »

The Young Aborigine

Passons vite fait sur ce groupe qui fut un premier jet avant le changement de nom en Beastie Boys. Créé en 1981, le groupe sera le premier projet d’Adam Yauch et Michael Diamond, pour le meilleur… Et pour le meilleur.

Quasar

Pour résumer, Quasar c’est un peu “Dark Side of the Beastie”. Après le succès d’Ill Communication en 1994, qui se classe directement N°1 au classement Billboard, et leur participation au festival Lollapalooza, le groupe décide de faire un break niveau célébrité.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Vous pouvez vous regarder également un concert à Coney Island, en 1995, par ici.

Sous le nom de Quasar, le trio se lance avec Amery « Awol » Smith (premier batteur de Suicidal Tendancies, qui travaillera ensuite pour The Mars Volta et Queen of the Stone Age) dans une tournée où ils interprètent leur répertoire punk-hardcore (à retrouver sur l’album Aglio e Olio). Les Beastie vont ainsi écumer les scènes dans l’anonymat. Juste pour le plaisir de rejouer comme au bon vieux temps.

The Young and the Useless

Retour brutal en arrière, tel un Mix Master Mike éméché, avec The Young and the Useless. Un nom pour deux groupes.

Le premier, en 1982, a accueilli Adam Horowitz, alias Adrock, avant qu’il ne bascule définitivement vers les Beastie Boys avec le succès de Cooky Puss. Ce départ mettra rapidement un terme à The Young and the Useless deux ans plus tard. Grâce à la magie du net vous pouvez cependant écouter leur seul et unique album, l’EP Real Men Don’t Floss. Du bon petit punk-hardcore rapide et abrasif.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Au passage, la mort par overdose de Dave Scilken, en 1991 l’un des membres de The Young and the Useless, marqua beaucoup les Beastie. Check Your Head, un album qui lui est dédié, marquera un tournant pour le groupe, mettant un terme aux excès qui avaient caractérisé leur début de carrière.

L’autre Young and Useless fut formé en 1984, avec Dave Scilken, Adam Horovitz (Adrock), Adam Yauch (MCA) et Kate Schellenbach. Cette dernière n’est autre que la première batteuse des Beastie Boys (déjà là à l’époque de The Young Aborigine).

Mais avec l’arrivée de Rick Rubin aux commandes, les frictions sont nombreuses car il ne veut pas d’une nana dans son groupe (les joies du machisme…). Les Beastie Boys se séparent alors de leur batteuse pour partir vers le hip hop, mais ils continuent à jouer en parallèle avec elle leurs morceaux hardcore. A nouveau, le succès et la tournée avec Madonna l’année suivante mettront un terme au groupe.

BS 2000

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Projet d’Adrock avec le batteur Awol Smith, BS 2000 a sorti deux albums (Un éponyme et Simply Mortified) à l’ambiance décalée. Les morceaux sont courts, minimalistes et enlevés. Flirtant parfois avec la jungle (With The Flow) ou l’electro-hip hop de Criminal Minds (Shock), la musique de BS 2000 fait également écho aux expérimentations d’Hello Nasty ou aux compositions de Money Mark. Une curiosité à redécouvrir. Pour plus d’infos sur le groupe, je vous renvoie à cet article de Beastiemania. Edit : On retrouve d’ailleurs dans le nouveau album, Hot Sauce Comitee, de nombreux clins d’oeil sonores à BS 2000.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Country Mike

La preuve que la barrière entre folie et génie est fine (Et ce n’est pas moi qui vous dirais le contraire !). Comme l’explique MCA dans le livret de la compilation The Sound of Science, Mike D fut victime d’un accident durant l’enregistrement d’Hello Nasty . Un mauvais coup sur la tête le rendant amnésique. Revenu à lui, le malheureux s’est pris pour Country Mike, un chanteur de country. Suite à l’avis des psychologues, ses collègues ont tout fait pour ne pas le contrarier et l’on laissé enregistrer des morceaux.

Plus sérieusement, on retrouvera d’abord deux morceaux sur la compilation The Sound of Science mais un album de 13 titres sera réalisé par la suite comme cadeau de Noël par les Beastie et distribué en 1998 à leur famille et proches amis. Introuvable en magasin, nous pouvons heureusement compter sur l’esprit partageur des Internettes pour nous permettre de savourer ces morceaux (et ca se passe par ici)

The Flophaus Society Orchestra

Encore un projet du pas très stable Mike D qui s’attaque en 1986 au jazz. Peu d’infos sur le groupe si ce n’est deux morceaux écoutables sur le site SuperSoulSound. Vous pouvez toutefois lire l’article posté sur le blog Nicky Fingaz Reality Tunnel suite au décès de Dave “Bosco” Danford, l’un des membres du groupe.

Brooklyn

Groupe éphémère d’Adam Yauch, Brooklyn s’est formé fin 87-début 88. Il délivre dans sa seule démo (qui se déniche ici) un rock sympa, même si l’on sent que Yauch n’est pas des plus à l’aise au chant. L’expérience Brooklyn ne sera toutefois pas vaine car l’intro à la basse de I Don’t Know sera réutilisée dans le célèbre morceau des Beastie Boys Gratitude. Enfin, au risque de paraitre encore une fois obnibulé, on soulignera que le bassiste de Brooklyn n’est autre que Daryl Jennifer, membre de Bad Brains (son interview à lire sur Beastiemania).

Three Bad Jewish Brothers

Nous terminerons cette liste hétéroclite par le projet le plus étrange, mais aussi le plus mystérieux. Avec l’aide du photographe Josh Cheuse et Kio Turner, les Beastie Boys montent en 1985 un sketch parodiant Run DMC, dont les membres deviennent Funky Ismael ou Grand Master Jew. Malheureusement il ne reste, à ma connaissance, aucun document sur cette blague. Tout juste puis je vous conseiller de regarder ce petit documentaire sur le travail de Josh Cheuse ou de lire cet article publié sur Living Proof Magazine.

Les remixes ou le Big Bang permanent

Non content d’être farcie d’univers parallèles, la galaxie Beastie Boys est également sujette à la recréation perpétuelle. Qu’elle soit du fait des Beastie eux-mêmes ou de quelqu’autre démiurge.

Remixes internes

Je passe vite fait sur la première catégorie, en vous conseillant de vous procurez leur album Root Down, pas dégueu du tout. Quant à ceux qui ne possèdent aucun album des Beastie Boys, c’est le moment de vous les procurer : de nouvelles éditions, avec remixes et morceaux rares, sont en effet disponibles actuellement sur leur site officiel.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Remixes externes

Attaquons nous donc plutôt aux remixes d’élements extérieurs avec, pour commencer, Night of The Leaving Beastie. Le projet est né du site Beastie Mixes suite à un concours special Halloween. Le mélange entre la musique des Beastie et le film de Romero, Night of The Living Dead (alias La Nuit des Morts-vivants dans nos contrées ) est vraiment réussi, certains remixes arrivant à égaler les originaux. En particulier Crawlspace de DJ Fatty Ratty ou celui de Bassdriver qui suit :

Et j’oubliais, la compilation se télécharge ici.

Continuons avec l’album Still Ill, remixes et raretés (dont un super morceau, Spam, avec Adrock, Mike D et Milk Dee) compilés par Dr Numbers (qui a réalisé le même travail sur Eminemmais bon courage pour vous le procurer légalement). Du très bon là aussi et, si mon amour des zombies ne me troublait pas mon jugement, cette compilation aurait figuré en première place sur la liste.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

L’album s’avère assez difficile à trouver mais vous pouvez vous le procurez en mp3 sur le site Soundbox pour moins de 4 dollars. C’est donné.

Autre curiosité, la rencontre des Beatles et des Beastie sous la conduite de DJ BC. Deux albums, Let it Beast et DJ BC presents The Beastles, ont été réalisés mais ne semblent pas commercialisés. Vous pouvez malgré tout en écouter quelques morceaux sur Youtube. Cela reste du mashup (combinaison de deux morceaux) assez simple, qui ne casse pas trois pattes à un canard, mais c’est toujours amusant de voir deux univers se percuter .

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Et pour conclure sur les remixes, l’un des derniers albums de remixes (téléchargeable gratuitement) que je viens de trouver : Doublecheck Your Head de Max Tannone. Ce dernier a également réalisé d’autres remixes (Jay-Z combiné à Radiohead ou Mos Def à la sauce dub). Je n’ai pas encore eu le temps d’écouter en entier celui des Beastie mais les premiers morceaux étaient prometteurs.

Les Beastie Boys et les arts

Réduire les Beastie Boys à la musique serait incorrect, tant les ponts vers les autres arts sont nombreux. Tour d’horizon rapide.

Art graphique

J’ai assez parlé de la photo via Friedman mais allez quand même faire un tour sur la page de Life qui consacre un diaporama aux Beastie Boys. Je vous conseillerai donc d’aller plutôt faire un tour, histoire de changer, sur le site Beastiemania qui propose une collection énorme de stickers et flyers ainsi que des affiches de concerts.

Je souhaitais également vous parler d’une exposition qui a été consacrée aux Beastie Boys par la Galerie 1988 en Californie, mais il ne reste malheureusement quasiment plus aucune image visible de l’exposition (quelques unes ici quand même). J’en ai qui trainent dans ma collection d’images, j’essaierai de vous retrouver ca bientôt. Edit : J’ai retrouvé un article qui présente la collection de Galerie 1988 et vous pouvez également retrouver d’autres photos sur ma galerie Flickr.

Cinéma

Ceux qui ont réussi à survivre aux trois derniers épisodes de ce guide ont déja pu constater le gout des Beastie Boys pour le cinéma, notamment dans les clips. Du polar 70’s (Sabotage), du Kaiju eiga (Intergalactic), de l’hommage au Danger : Diabolik ! de Mario Bava (Body Movin), il y en a pour tous les goûts.

Cette passion du cinématographe est particulièrement le cas d’Adam Yauch. Je vous renvoie à ce propos au reportage de Tracks de 2009 cité plus haut pour le détail mais, actualité oblige, mentionnons le documentaire Radiant Child consacré au peintre Jean-Michel Basquiat, produit par Adam Yauch et réalisé par Tamra Davis, l’épouse de Mike D.

Enfin, comment pourrais terminer cette partie consacrée au septième art sans parler de l’utilisation du morceau No Sleep Till Brooklyn dans Out for Justice (Justice Sauvage par chez nous) de John Flynn !

Ecouter du Beastie tout en regardant Steven “Saumon Agile” Seagal (alors au top de sa forme) casser des bras et poursuivre William Forsythe en mode berzerk : une certaine idée du bonheur.

Le rire

Une partie qui aurait pu figurer dès le début du guide, à savoir l’influence des humoristes chez les Beastie Boys. Tout le monde connait désormais leur coté irrévérencieux et absurde mais on le comprend mieux quand on s’attarde sur leurs comiques préférés (et à ce titre je remercie encore Casio Hardcore pour son travail qui m’a bien aidé). Edit : Une inspiration que l’on retrouve dans le clip Fight for Your Right Revisited, avec la présence de Jack Black, Elijah Wood, Seth Rogen, Will Ferrell ou John C. Reilly

On retrouve en effet à plusieurs reprises des extraits de sketches dans les morceaux des Beastie Boys, en particulier Cheech and Chong, Steve Martin ou Richard Pryor. Des noms pas forcement connus dans nos contrées et c’est bien dommage.

Pur film de stoners, Up in Smoke/Faut trouver le joint est loin d’être une grande comédie mais les personnages de losers enfumés interpretés par Cheech Marin et Tommy Chong nous offrent des moments hilarants et devenus cultes dans la jeunesse américaine. On retrouve d’ailleurs des clins d’oeil au duo chez Cypress Hill ou, plus récemment, dans Machete, de Robert Rodriguez, avec l’apparition de Cheech Marin dans le rôle d’un curé .

Autre comique relativement peu connu en France avec Steve Martin, mais la c’est plus regrettable. Enquillant depuis les années 90 des films oubliables (comme les remakes de la Panthère Rose) ,  Steve Martin est peut-être ce qui se fait du plus proche de l’esprit Beastie Boys. A savoir du décalage, de l’improvisation et une folie en continu.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Attention, le son n’est pas génial

Et pour l’apprécier à sa juste mesure, trois films à voir absolument (en VO) : Un vrai schnock (The Jerk) et L’Homme aux deux cerveaux (The Man with Two Brains) de Carl Reiner et Le plus escroc des deux (Dirty Rotten Scoundrels) de Frank Oz avec Michael Caine.

Concluons sur LE comique noir américain : Richard Pryor. Une tchatche de dingue et une inspiration essentielle pour des types comme Eddie Murphy, Chris Rock, David Chapelle ou Robin Williams. Si sa carrière au cinéma avait bien débuté (collaborations avec Mel Brooks et Gene Wilder, comme sur Le Shériff est en prison), ses propos qui n’épargnent personne (à l’image d’un autre grand comique, Lenny Bruce) lui fermeront beaucoup de portes.

Ceci, conjugué à des problèmes de drogue, l’éclipsera de l’affiche au profit d’Eddie Murphy. Je vous conseille malgré tout de regarder Comment claquer un million de dollars par jour qui, bien qu’inoffensif par rapport à ce qu’il faisait sur scène, reste un film amusant et à l’idée de base originale. A voir également, un documentaire qui vous éclairera sur l’importance de Richard Pryor et des autres humoristes afro-américains : Why we laugh, Black Comedians on Black Comedy.

Pour aller plus loin

Articles et reportages

Commençons par les ressources disponibles en français qui sont, somme toute, relativement peu nombreuses au regard du succès du groupe. Si vous vous êtes perdus dans mon guide galactique et accessoirement bordélique, vous pouvez lire, en dehors de l’habituelle fiche Wikipedia, un article de Vincent sur le site Musity ou celui de MC23 sur Hip Hop Core. Deux articles sous forme chronologique sans fioritures et bien écrits.
Je vous conseille sinon l’article de RabbitInYourHeadlights sur Indie Rock Mag qui aborde le groupe sous un angle original, celui du mash-up.

Heureusement qu’Arte est là sinon, avec un article de Paul Rambali dispo sur arte.tv, adaptation internet du reportage diffusé en 2009 sur la très bonne émission Tracks. Et toujours pour parler de Tracks, l’émission avait également diffusé un reportage en 2007, à l’occasion de ses 10 ans, visible (et un grand merci au passage à Unofficial Website Tracks qui a archivé une partie des reportages) juste en dessous :

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Pour les articles en anglais, j’avoue avoir un peu la flemme de vous faire un listing, surtout que nous y reviendrons un peu plus bas. A noter quand même un article de Noel Dix sur Exclaim, chronologique et exhaustif,  et un papier de Jonah Weiner qui liste une série d’anecdotes sur les Beastie.

Ressources

Je ne vous ferai pas l’affront de vous mentionner le site officiel des Beastie Boys… Enfin si après tout, mais juste pour vous conseiller de suivre les petites vidéos et commentaires d’Adrock et Mike D et d’aller faire un tour sur leur forum.

Fuyez Beastieboysremixes qui semble avoir rendu l’âme mais ruez vous sur deux sites indispensables : Beastiemania et Beastiemixes. Le premier est juste impressionnant en terme d’informations et me fut d’une grande aide pour réaliser ce guide. Le deuxième met quant à lui l’accent sur l’un des grands atouts des Beastie : la facilité avec laquelle il est permis de remixer, récréer à partir de leurs morceaux.

A ce propos, la section bootleg mérite à elle seule le détour. Outre des albums spéciaux et des raretés, vous pourrez y trouver les compilations, réalisées par Casio Hardcore ( son blog ici), avec l’ensemble des samples utilisés par les Beastie Boys sur chacun de leurs albums.

Un travail d’une patience incroyable qui prouve deux choses. La première c’est que l’on trouve toujours quelqu’un de plus barré que soi dans une passion. Et la deuxième c’est l’immense culture musicale des Beastie. Outre leur définitif Paul’s Boutique (plus d’une centaine de morceaux samplés – pour le détail c’est ici), le groupe est capable d’utiliser tout ce qui leur passe sous la main, de Black Sabbath à Grand Funk Railroad, ou de Johnny Cash à Africaa Bambaatta.

Bref, si vous voulez découvrir ou rédécouvrir la musique, ces compilations sont indispensables.

Pour l’actualité du groupe, vous pouvez bien entendu suivre le site officiel mais ajoutez à vos lectures Mic to Mic. Le rythme de parution est assez calme mais c’est toujours intéressant. A signaler de plus la galerie photo du site qui contient des pépites, dont pas mal de photos de Glen Friedman.

Enfin terminons par deux sites originaux : Beastie Boys Annoted qui nous éclaire sur les paroles de quelques chansons et ce FAQ qui répondra à vos principales interrogations sur le groupe.


Photomontage à partir des images : AttributionShare Alike stallio et AttributionNoncommercial ewitch

Article initialement publié en 2 parties sur Centrifugue

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La scène suédoise sous l’oeil de Julien Bourgeois http://owni.fr/2011/03/24/la-scene-suedoise-sous-loeil-de-julien-bourgeois/ http://owni.fr/2011/03/24/la-scene-suedoise-sous-loeil-de-julien-bourgeois/#comments Thu, 24 Mar 2011 14:34:29 +0000 Martin Untersinger http://owni.fr/?p=31282 Julien Bourgeois a 30 ans. Photographe depuis 2004 il est tombé amoureux de la Suède et de ses musiciens. Fasciné par la variété et le nombre d’artistes passionnants venus de ce pays Scandinave, il a décidé d’aller rencontrer ces artistes dans leur pays natal, et de les photographier dans un lieu qui leur était cher, dans lequel s’inscrivait leur démarche artistique. Un projet un peu fou…

Mais voilà, tout autant fasciné que lui par la vivacité et la qualité de la scène suédoise, j’ai moi aussi décidé d’aller rencontrer, en plein milieu du rude hiver suédois, ces artistes qui donnent à la pop contemporaines quelques unes de ses lettres de noblesse. Avant de pouvoir lire ce reportage sur OWNImusic, il était normal d’aller poser à Julien quelques questions…

Peter, Björn & John (c) Julien Bourgeois

Est-ce que vous pouvez vous présenter, vous et votre parcours ?

J’ai commencé par faire de la peinture, j’ai fait deux ans de beaux arts après mon bac à Dunkerque. Très vite l’enseignement de l’art assez figuratif m’a frustré. Je n’ai pas trouvé la technique que j’aurais aimé qu’on m’enseigne. Mais j’y ai découvert la photo : j’ai préparé les concours pour aller à l’école nationale de photo à Arles. J’y ai passé trois ans, j’ai terminé en 2004 et depuis je vis à Paris. J’ai commencé presque directement à faire du portrait, j’ai contacté quelques musiciens…

Vous avez tout de suite été attiré par la musique ?

Oui j’ai toujours été fasciné par la musique. J’achète des disques et je pouvais passer des heures à écouter de la musique, mais toujours en regardant les pochettes.

Il y avait déjà ce lien entre le visuel et la musique ?

Oui il y avait vraiment ça. J’étais très mauvais musicien. Quand j’étais ado j’avais un groupe, mais c’était juste pour s’amuser, j’ai jamais eu vraiment l’envie ni la capacité d’écrire des mélodies, je vois plus des images que des sons.

Comment en êtes-vous arrivé à travailler sur la Suède ?

C’est arrivé depuis mon diplôme jusqu’à maintenant. En travaillant avec pas mal de musiciens j’en ai rencontré quelques uns qui étaient suédois. L’institut suédois, à l’époque le centre culture suédois, faisait beaucoup de concerts, beaucoup de musiciens y jouaient. J’ai commencé à avoir des liens avec eux parce qu’ils me voyaient souvent dans les parages et je travaillais souvent avec des musiciens qu’ils défendaient.

Ça s’est passé comment, comment ce projet a-t-il commencé ?

Je discutais avec un ami journaliste qui me disait « j’aimerais faire un livre avec tes photos ». Je suis trop jeune pour faire une rétrospective (rires), mais l’idée du livre c’est un espace qui m’intéresse beaucoup, bien plus que l’exposition par exemple. Je me suis dit que ce serait intéressant et j’ai commencé à faire des listes d’artistes qui m’intéressaient. Je me suis rendu compte qu’il y avait peut-être 50 % de suédois. Ce qui était très mystérieux. Ce livre est parti de là, je voulais comprendre pourquoi il y avait autant de suédois qui m’intéressaient alors que je connaissais pas grand chose de ce pays. Ça restait un peu mystérieux, un pays enneigé et vague et c’est tout. Le projet est parti de là.

Vous avez contacté l’Institut Suédois et vous leur avez dit : je veux faire ce projet ?

Même pas. J’ai décidé que je ferai ce projet, j’avais économisé un peu pour le faire, je suis parti une semaine, j’ai pris quelques contacts avec des musiciens là-bas. Je suis parti 5 jours en mars dernier et le projet a été super bien reçu, les musiciens étaient d’accord pour participer. Je connais les gens de l’Institut Suédois de Paris à qui j’en avais parlé quelques jours avant de partir. C’est de là que tout est parti. Le livre je suis à la moitié du boulot porur l’instant.

En deux mot, ça va consister en quoi ?

Des images et des textes mais plus images, ce sera avant tout un livre de photos. Je demande aux musiciens de me montrer un endroit qui les inspire, qu’ils aiment, qu’ils ont envie de me montrer, de partager, pour essayer de comprendre le lien qu’il y a entre la Suède et puis tous ces musiciens. Pourquoi autant de musiciens, pourquoi est-ce qu’il y a de la musique parfois aussi pointue, mais qui s’exporte aussi bien… C’est assez curieux et très intriguant.

Avant de partir en Suède en mars, vous n’y aviez jamais été ?

Pas du tout. Je connaissais pas grand chose de la Suède, à part ce que Peter avait pu me raconter. En plus, il a un rapport assez particulier avec son pays, puisqu’il n’y habite plus depuis plus de 10 ans. Ce qu’il m’en racontait, c’était quelque chose d’exotique même pour lui.

Qu’est-ce qui ressort principalement de votre travail ? Est-ce que vous avez déjà un début de réponse pour expliquer pourquoi autant de groupes suédois s’exportent ?

J’ai déjà des éléments de réponse, puisque c’est une question que je leur pose à tous ou presque. Chacun a à peu près sa réponse. Il y en a beaucoup qui se recoupent. Pour beaucoup, leur pouvoir d’exportation vient de leur maîtrise de l’anglais ce qui est le plus évident. Les Suédois sont également assez fondus de nouveautés, ils aiment ce qui vient de sortir. La musique est aussi dans cette idée-là depuis quelques années : on recherche toujours le nouveau groupe qui va sortir, du coup les suédois sont très attentifs, toujours à la recherche du nouveau groupe. Du coup, il y a beaucoup de nouveaux groupes qui sortent parce qu’ils espèrent profiter de cette dynamique. J’ai trouvé aussi une grande cohésion de la scène musicale suédoise, tous les musiciens se connaissent.

Pendant longtemps la scène suédoise a été une communauté qui a pensé par le « nous » et pas par le « je » du coup tout le monde s’entraide. Si on regarde les notes de pochettes, tout le monde joue sur les disques de tout le monde. Je l’ai ressenti aussi en les contactant : quand j’en photographie un, il me met en relation avec un autre, et ainsi de suite. La scène est très liée, d’abord parce que c’est un petit pays mais aussi parce que les gens ne se tirent pas dans les pattes.

Mai (c) Julien Bourgeois

Il y a une certaine émulation ?

Oui, vraiment, je le ressens comme ça. Bien sûr, il y a des gens qui ne s’aiment pas entre eux, mais je pense que cette solidarité est très spécifique à la Suède.

C’est peut-être du au fait que le pays est petit ?

En tout cas il y a une scène beaucoup plus importante quand on la compare au nombre d’habitants. C’est énorme ! Tout le monde a fait de la musique quand ils étaient petits, je pense qu’il y a plus de musiciens en Suède qu’en France par rapport à la population.

Il y a une vraie différence en termes d’éducation musicale ? Elle est plus présente ?

Oui. Presque tout le monde apprend un instrument quand ils sont jeunes. Même si c’est juste le chant, ils apprennent à maitriser la musique. Ne serait-ce que les chants de Noël, tout le monde chante il n’y a pas de pudeur à chanter. Ça n’a pas l’air d’être aussi fastidieux que notre approche de la musique, qui est de marteler du solfège. C’est une approche assez naturelle qui je pense les prédispose à monter des groupes. Beaucoup de musiciens me disent que quand ils étaient jeunes, c’était le sport ou la musique : soit on fait du foot soit on monte des groupes. Donc certains deviennent footballeurs, d’autres musiciens !

Est-ce que vous pensez qu’il y a des facilités, en termes pratiques, d’être musicien en Suède ? Davantage qu’en France ?

Il y en a eu. Je pense que ça changé. Il y a eu beaucoup d’aides aux groupes pour avoir des locaux, pour répéter, il y a 15-20 ans. Tiens, fais de la musique, tu peux aller t’acheter des instruments, monter ton groupe, tu as un local pour répéter. Je pense que ça a développé beaucoup puisque ça correspond à la scène actuelle, les gens qui ont bénéficié de ça correspondent à ceux qui émergent maintenant ou qui ont émergé il y a 5 ans.

Il n’y a plus cette politique ?

Ça a été restreint et je pense que ça va l’être un peu plus encore parce que politiquement ça se resserre.

Est-ce que le caractère lisse, codifié, très normé de la société suédoise pousse les gens à s’exprimer, à extérioriser différemment, avec la musique ?

C’est vrai que vouloir sortir du carcan est un aspect qui doit susciter des vocations d’artistes. Je connais un peu le Japon, qui est encore plus fermé que ça, et qui du coup favorise des trucs complètement fous. La Suède a ce côté là, à une moindre échelle parce que ce n’est pas aussi fermé. Mais à mon avis ça pousse les gens à s’exprimer aussi. Ça a poussé aussi l’apparition d’Internet, de l’individualité, pouvoir se mettre un peu plus en avant.

Ils sont un peu tiraillés depuis quelques années. Est-ce que c’est la société qui prime sur la personne, alors que le monde fait que j’ai envie d’exister en tant que personne ?

Ce tiraillement se ressent, les gens ont vraiment envie de l’exprimer.

Est-ce que cet ancrage dans le territoire au sens physique du terme, même la situation géographique, le fait qu’il fasse très froid en hiver a une vraie influence sur la musique ?

Certains me disent que oui, que la Suède, comme depuis quelques années tous les pays nordiques, développe beaucoup de musique, d’art, parce qu’ils n’ont que ça à faire pendant 6 mois de l’année. D’autant plus qu’ils ont une culture musicale, c’est naturel pour eux d’aller vers la musique. Du coup, ça les amènerait dans cette direction, certains me l’ont dit en tout cas. Ça se confirme dans d’autres pays comme l’Islande, le Danemark ou la Norvège.

Pour certains ça ne joue pas du tout ?

Certains m’en ont jamais parlé, certains composent aussi bien l’été que l’hiver, d’autres voyagent beaucoup donc composent en voyageant.

Est-ce que le fait qu’ils aient de plus en plus de succès, qu’ils exportent, qu’ils tournent dans le monde entier, tout ça ne les éloigne-t-il pas un peu de la Suède ?

Jens Lekman ne vit plus en Suède depuis quelques années maintenant, presque 5 ou 6 ans. Un moment il en a eu marre de la scène suédoise, d’être estampillé suédois. Il est parti à New York, maintenant il vit en Australie, mais il revient en Suède ne serait-ce que pour enregistrer ses disques.

Il y a quand même ce lien…

C’est un lien un peu étrange, entre la répulsion et l’attraction. En tout cas il y revient. C’est un peu comme revenir chez soi, dans sa famille : on a la famille qu’on a on choisit pas, comme un pays. Parfois on a besoin d’y revenir, ne serait-ce que pour se dire : ‘je suis bien où je suis’ ou plutôt ‘ça me fait du bien de revenir aux sources’. Il y a plusieurs cas de figures, mais je pense que ceux qui se sont exportés reviennent quand même régulièrement.

C’est aussi un trait suédois que de vouloir partir…

C’est ce que Jens Lekman me disait : ce qui a pas mal changé en Suède c’est que les musiciens n’avaient pas honte, mais ils ne criaient pas sur les toits qu’ils étaient suédois. Leurs références étaient essentiellement américaines et anglo-saxonnes, être suédois n’était pas quelque chose dont il étaient spécialement fiers. Ils se sont mis à faire de la musique sans avoir honte et sans revendiquer spécialement des influences outre-Atlantique, et petit à petit ils ont commencé à se dire : ‘c’est chouette d’être suédois’, ça leur va bien finalement.

Ils ont toujours eu, même historiquement, cette impression d’être tout petit à côté de grands. Ça se ressent aussi dans l’art, dans la peinture, ils ont une culture artistique très tardive. La musique est assez révélatrice de ça aussi, le fait qu’ils s’exportent beaucoup depuis quelques années, ça montre qu’ils commencent à vouloir montrer leur « suéditude ». Je crois que ça a été un gros changement à ce niveau depuis quelques années.

Vous dites suéditude… Est-ce qu’il y a un son suédois ?

Je dirais que c’est la place que prennent les arrangements, en tout cas dans la scène pop indie : c’est à la fois très produit, je ne dirais pas lisse, mais presque. On recherche de la beauté, quelque chose de très proche du sentiment.

La Suède a eu très vite un accès très important à internet, qui s’est propagé très vite, est-ce que ça a eu un impact sur la musique ?

C’est certain. Ça a eu un impact sur la musique, surtout pour la faire connaître en dehors des frontières. J’ai l’impression qu’à un moment donné la reconnaissance musicale est venue presque plus de l’étranger que de la Suède, ce qui a fait que la scène a pu s’exporter dans le monde et « s’auto-apprécier » après ça. Je pense qu’ils ont eu besoin de la reconnaissance de l’étranger, ce qui est venu par l’Internet.

On parle beaucoup de la fin du modèle suédois. Est-ce que ça a un impact, ce changement sociétal ? Vous n’avez peut-être pas assez de recul puisqu’il faudrait être là depuis 15 ans… Mais est-ce que les artistes en parlent ?

Certains en parlent. J’en ai vu beaucoup très choqués par les résultats des dernières élections [qui ont amenées, une vingtaines de députés xénophobes au Parlement, ndlr.], je pense qu’ils ont du mal à comprendre. En étant des artistes dans un pays historiquement de gauche je pense qu’ils ont vraiment eu du mal à comprendre ça. Mais je ne sais pas quelle influence ça a sur la musique. Globalement ce ne sont pas des gens très engagés dans leur musique, ce qui ressort surtout c’est les sentiments, c’est d’exprimer ce qu’ils ressentent. Politiquement, je ne ressens pas beaucoup d’engagement politique dans la musique.

Il n’y a pas cet engagement politique de la musique comme il peut exister en France ?

Exactement. J’ai pas vraiment trouvé, bon peut-être que depuis quelques années tout allait assez bien en Suède, il n’y avait pas besoin de monter au créneau. Peut-être que ça va changer, c’est intéressant de voir les évolutions dans quelques années, si ça se retrouve dans la musique.

Nina Kinert (c) Julien Bourgeois

Est-ce que vous avez eu l’impression que les musiciens suédois utilisaient comme influence des choses suédoises et pas seulement anglo-saxonnes ?

Ils utilisent quelques trucs suédois, justement ce côté chorale qui apporte beaucoup aux arrangements, soutenir la mélodie avec beaucoup d’instruments, construire vraiment quelque chose autour de la mélodie. J’en parlais avec Peter Van Poehl qui me disait qu’il essayait souvent de trouver des arrangements proches des chœurs de l’armée du salut, des chants de Noël qui sont pour lui une grand inspiration, qui ne se retrouvent pas tels quels dans sa musique mais qui sont pour lui une base de travail.

Est-ce que vous pensez qu’il y a une mode de la pop suédoise ?

Oui je pense qu’il y en a une. Je pense que dans quelques mois ce sera le climax. On en entend de plus en plus parler et du coup c’est l’effet boule de neige, les gens s’y intéressent et commence à y trouver une pépinière d’artistes incroyable. Il y a même des labels qui vont chercher leur musique là-bas. La Suède est devenue un pays où trouver des talents. Un label français comme Fargo va chercher des artistes suédois pour signer du folk, comme ils signeraient des américains, pour à peu près la même musique d’ailleurs.

A propos des labels, il y en a beaucoup ? Qu’est-ce que vous pensez du travail de labels suédois comme Sincerely Yours ou Labrador ?

Ils sont assez bons, ce qui est intéressant aussi c’est que depuis quelques temps chaque artiste monte pratiquement son label pour sortir leur album, leur propre album. C’est assez symptomatique de la musique en Suède actuellement : beaucoup d’artistes ont trouvé un moyen de faire vivre leur musique en faisant des petits labels, en s’aidant beaucoup pour enregistrer les disques de chacun et en se refilant des plans pour exporter leur musique. Par exemple Almost Music, une boîte de promo française qui a aussi un volet label, a sorti beaucoup de suédois, soit qu’elle représente en tant que label soit juste en promo, grâce au bouche à oreille, les artistes suédois se disent ‘tu veux sortir ton disque en France ? Va parler à untel et ça ça marche très bien’.

Ils ont de bons relais en France ?

Oui, et entre eux il n’y a pas le côté ’si je lui donne le plan, ça va me passer sous le nez’. Ils sont assez partageurs malgré tout, ce qui apparemment est une force puisque ça a l’air de marcher comme ça.

En sortant un petit peu de l’indie, il se trouve que beaucoup de popstars mondiales ont recours à des suédois. Des gens comme Red One, Max Martin ont écrit une bonne partie des chansons de Lady Gaga ou de Britney Spears. C’est un volet complètement différent mais ça a peut-être les mêmes racines ?

Ça a les mêmes racines, ça vient aussi du fait qu’ils sont à fond dans les nouvelles technologies, à la pointe de tout ! Du coup même pour tout ce qui est de la pop variété ils vont savoir quel arrangement faire pour être au top. Du coup, les américains vont chercher leurs producteurs en Suède. On a eu la « French Touch » à un moment donné…

Est-ce qu’il y aurait une Swedish touch ?

Apparemment il y en a une, mais elle est peut-être moins évidente…

Moins incarnée aussi ?

Voilà. Ce qui est intéressant c’est que la Suède est le troisième pays exportateur de musique mais si on demande à quelqu’un dans la rue de citer un groupe suédois, il ne saura pas !

Alors qu’il y a des choses extrêmement connues…

Tout à fait, c’est assez symptomatique qu’ils n’aient pas de stars énormes. Il y a Robyn, qui explose depuis quelques temps, mais je pense qu’il y a plein de gens qui ne savent pas qu’elle est suédoise. C’est quand même énorme de se dire qu’ils exportent autant de musique sans avoir de gros vendeurs.

Il y a aussi pas mal d’artistes qui vont enregistrer leur album en Suède… Est-ce qu’il y a de très bons ingénieurs du son, de très bons studios ?

Oui, je pense que tout va de pair aussi. Comme leur scène s’est développée d’abord en Suède avant de s’exporter, ils sont pas allés à l’étranger pour enregistrer leur musique donc les ingés sons ont suivi. Il leur en fallait donc il y avait aussi une niche pour répondre au besoin de tous ces groupes qui sortaient.

En France, quand on fait du rock chanté en français on pense tout de suite à Noir Désir, Est-ce qu’il y a le même type de poids, par exemple ABBA? La sensation que j’ai eue c’est que les Suédois en ont un peu marre de cet héritage.

Oui, surtout que justement leur scène commence à être tellement foisonnante que pour eux c’est un peu étrange de la résumer à ABBA, Europe ou Roxettes. Ils citent souvent les Roxettes qui sont moins connus par ailleurs…

Abba, c’était quand même le coming-out suédois sur la scène musicale, qui existait pas vraiment avant…

En effet, je pense que ça a marqué un démarrage de la Suède comme pouvant être musicalement importante.

Est-ce que les artistes suédois ont l’impression d’être un pays exportateur, où il y a beaucoup de choses qui se passent ou est-ce qu’ils sont, comme beaucoup de Suédois, en retrait, très modestes ?

Il y a beaucoup d’humilité de ce côté là, et je pense que ce n’est pas feint. Ils le ressente vraiment comme ça : pendant des siècles ils se sont sentis petits et même si ça change, ils ont quand même ce côté humble qui reste prédominant.

Quand je leur dis que je fais un livre sur la musique suédoise, ça les intrigue, ils ne comprennent pas qui ça peut intéresser en dehors de Suède.

Votre souvenir le plus marquant relatif à la Suède ?

Pour l’instant c’est ma rencontre avec Jens Lekman. Ça s’est fait un peu comme ça, par chance. Comme il vit en Australie, il était de retour chez lui pour midsommar, un mois en juin / juillet, et il m’a invité chez lui dans sa famille à fêter midsommar. On a fait les photos ce jour là.

Il y avait un côté ancré dans la tradition…

Voilà, et puis les souvenirs que j’en ai, de découvrir la Suède de cette façon là, les traditions et puis tous les paysages… C’était un peu en dessous de Göteborg, dans la maison où il allait enfant. C’était la maison de son grand-père et toute la famille se réunissait là tous les ans pour midsommar, et là cette année encore, même si son grand-père est décédé. Il m’a emmené sur la tombe de son grand père, sur les falaises qui dominent l’océan, on a passé deux heures là, à attendre la bonne lumière. Ça reste encore pour moi un des meilleurs souvenirs jusqu’à maintenant. Avoir vraiment pu prendre le temps… Après une journée comme cela, je me suis dit que le projet valait le coup.

Il y a une double filiation : l’histoire personnelle et la tradition…

Exactement, alors que je pensais que c’était quelqu’un qui voudrait pas spécialement partager son côté suédois ni s’appesantir dessus. Apparemment il refuse pas mal de projets, on lui propose beaucoup de choses… Il avait envie de répondre positivement à ce projet parce qu’il avait carte blanche pour me montrer ce qu’il voulait et partager avec moi quelque chose qu’il avait envie de partager. Ça m’a vraiment touché ce rapport là, c’était très généreux.

C’est quelque chose que je retiens de mon voyage en Suède, c’est la générosité. Il y a une réserve, mais derrière… je trouve que c’est ça c’est souvent en deux temps. Quand on peut passer un peu de temps avec eux qu’on peut dépasser cette réserve ça devient énorme.

Sur la thématique de la scène musicale suédoise, vous pouvez également lire :

- L’interview de Lykke Li réalisée par OWNImusic

L’interview de Nina Kinert réalisée par Anastasia Lévy

Retrouvez une sélection de photos de Julien Bourgeois sur son site officiel

Photos : portraits (c) Julien Bourgeois, image de clé CC FlickR Copocchione

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