Nous sommes les nouveaux Barbares de l’Info.
Journalistes renégats et mercenaires du clavier, jeunes forçats du Web et vieux déserteurs du papier, blogueurs sans entraves et citoyens libre-penseurs. Jeunes précaires courant de stages en CDD renouvelables, rédacteurs trentenaires prêts à tout donner mais privés de la carrière qui portait leurs aînés, quadra et quinqua déclassés, trop vieux, trop exigeants, pas assez petits chefs pour trouver notre place dans les usines à produire de l’information low-cost que tendent à devenir les journaux.
Nous avons pris le maquis du web et ne croyons plus à la presse telle qu’elle était. C’est décidé: nous ne suivrons plus les règles du jeu des professionnels de la profession…enfin juste ce qu’il faut pour vivre ou survivre de notre métier et fomenter la révolution de l’info ici et maintenant. Sans trop se prendre trop au sérieux évidemment ;). Ceci est un manifeste gonzo-journalistique inutile mais irrépressible, qui n’engage que ceux qui le suivront à leur manière. Quand ils le pourront où ils le pourront. Mais avec la foi communicative des conquérants d’une nouvelle ère informationnelle.
Pour commencer, nous croyons aux Dieux de l’Information et de la technologie au nom du Libre Partage du savoir. Nous pensons toujours que la compréhension de l’actualité et de l’histoire en train de se faire est un facteur indispensable d’éducation, d’élévation et de progrès. Et que la liberté indéfectible de la presse est l’un des premiers fondements de la démocratie.
Nous plaçons la mission d’informer, bien avant le commerce du papier et de la réclame qui dévoient de plus en plus le métier au nom de sa seule survie. Et qu’à ce titre les médias ne sont pas des entreprises comme les autres mais un bien public, qui devrait et pourrait être “non profit” et financé comme tel par l’impôt, le biais de fondations ou la trop vite enterrée “licence globale” (consistant à taxer les opérateurs télécoms faisant juteux commerce des contenus que nous, journalistes et citoyens, produisons).
Nous sommes convaincus que la révolution numérique n’est pas une menace pour la presse, mais une chance historique pour elle de renaître en offrant à tous la possibilité de participer au média, en interaction avec des journalistes professionnels.
Nous croyons aussi que l’Internet n’a pas à être “civilisé” comme l’a souhaité un président de la République (qui lui ne l’est pas, civilisé), en ce sens que ceux qui y produisent ou y échangent du savoir n’ont pas la même conception du droit et de la liberté d’informer.
Alors, aujourd’hui, à ce moment clé de l’histoire des technologies et de l’information, nous sortons de l’ombre de l’Undernet. Dans les “grands” journaux qui coulent au son de l’orchestre comme autant de Titanic, chez les “pure player” qui se lancent comme autant de radeaux de l’info, sur les blogs et Twitter, ici et ailleurs…nous occupons le terrain de l’internet laissé vacant par la fin de l’ère Gutenberg.
Spartacus venus des contrées numériques, nous déferlons, toujours plus nombreux et dans une joyeuse anarchie, sur les limes de la vieille Rome médiatique. Entendez-vous cette clameur libre et sauvage ? Nous voulons informer ici et maintenant, partout et nulle part, sans entraves, envers et contre tous les pouvoirs, politiques et économiques, pour le bien commun et la morale publique. L’information est un droit et un devoir essentiel à la démocratie, on l’a dit, et à ce titre nous la considérons comme un service public qui ne doit pas être dévoyé par la logique des “story teller” et des mercanti. Et oui, fous que nous sommes, nous croyons encore en ces notions antiques aujourd’hui oubliées ou dévoyées ! Ici là même, sur ce blog en forme de radeau numérique. Mais, aussi sur le pont de cette Trirème joliment baptisée “Ithaque”. Et bien d’autres esquifs nommés Mediapart ou OWNI… nous souquons ferme, mais à notre rythme, moins vite, pour porter plus loin l’estoc au cœur de l’Empire. Nous sommes journalistes de métier ou non, bretteurs et rhéteurs des mots, amoureux de l’écrit c’est sûr. Nous entendons pratiquer l’”Informatio” au sens où l’entendait les anciens. En vénérant l’héritage narratif de Joseph Kessel et les enquêtes au long cours d’Albert Londres. En faisant nôtres le “nouveau journalisme” littéraire de Tom Wolfe, le gonzo-journalisme foutraque et brillant de Hunter S.Thompson et le journalisme Underworld USA de Bob Woodward qui se rappelle à notre souvenir ces temps-ci. Un journalisme dont on ne trouve plus vraiment trace dans la vieille presse.
Face aux tristes clercs de la pseudo-objectivité journalistique à l’anglo-saxonne, nous brandissons l’étendard de l’honnêteté subjective. Nous aimons décrire le réel par hyperbole, avec mauvais esprit et poésie, sans aller contre la vérité des faits. En allant moins vite plus loin contre l’accélération du monde turbo-numérique, nous voulons ralentir pour vous raconter des histoires hunniques “dont les mots, comme les poings, fracasseraient les mâchoires” comme disait Cioran. En expérimentant tous les styles et en nous servant de toutes les nouvelles technologies.
Nous sommes légions, nous sommes de toutes les générations. Mais nous avons dix ans ou quinze ans à peine. L’âge de la nouvelle Utopie informationnelle de l’Internet qui a mis à bas Gutenberg et Mac Luhan, les Dieux anciens de l’imprimé et de la lucarne hypnotique.
Haw Haw ! Une décennie déjà que la nouvelle trinité des trois W a semé les graines du chaos destructeur et ré-créatif au cœur d’un quatrième pouvoir que l’on pensait imprenable.
Emportés par ce nouvel élan digital qui offre à tout à chacun les outils et la parole, ici et maintenant, nous mettons en application ce programme: “Don’t hate the media, become the media” en réponse au “Journalistes partout, Info nulle part”.
Hey Ya Hey nous entarterons les encartés, professionnels de la profession trustant colonnes et micros, projecteurs et caméras ! Tribuns autosatisfaits et éditocrates autoproclamés, vous monopolisiez depuis des générations la parole et l’écrit ? Vous régniez sans partage sur la pseudo-République de l’actualité ? C’est terminé. Il faut maintenant compter avec ce nouveau journalisme bravache et sauvage, littéraire et non standardisé, romantique et nullement pragmatique venu de l’avenir et du passé. Sur le Réseau, nous sommes comme des poissons dans l’eau. Face au bombardement cathodique dominant, nous sommes comme une embuscade dans la jungle médiatique, nous créerons “un, deux, trois Vietnam de l’Info”, comme l’annonçait le programme fondateur de “Libé” en 1973. Vous dictiez au bon peuple ce qu’il fallait penser de l’actualité depuis le confort de vos salons parisiens ? Mécréants que nous sommes, nous raillerons votre évangile en pratiquant le journalisme des faits, par-delà les écrans de nos ordinateurs. Mais en diffusant ce que nous avons appris des événements sur tous les écrans numériques. Et du bon vieux papier aussi. Car nous aimons encore le parfum de l’encre fraichement imprimée. Vous aviez banni de vos rangs les déviants et les affranchis qui prétendaient pratiquer un journalisme du réel…ou de l’irréel ? Ils sont de retour par la magie du Web et ils ont faim de raconter la vie: celle des vrais gens, avec des morceaux d’humain dedans. De plonger au cœur de l’histoire immédiate en train de se faire, au plus près des événements.
Journalistes civilisés, votre idéal patricien c’était foin de panache et d’engagement, point de sens critique ni d’investigation, de la tiédeur et de la crypto-objectivité s’il vous plait ! Surtout ne soulevez pas le tapis de l’actualité, ne cherchez pas à déterrer de vieilles affaires. Rendormez vous, les entreprises sont gentilles, le financement des partis politiques est légal, la guerre est chirurgicale, le business est le business, les saletés doivent rester cachées. Positivez l’info: please du people, des paillettes et du story-telling. N’allez pas voir derrière le miroir, Dieu sait ce qu’un maudit fouineur y aurait trouvé ! Prétoriens de l’ordre informationnel établi vous êtes toujours, comme il se doit, forts avec les faibles et faibles avec les puissants. Bons chiens de garde et gentils toutous courtisans, assurés de ripailler au banquet du pouvoir…Mais nous ne voulons plus de votre “Pax Mediatica”. Maintenant nous mordons avec des mots. Nous ne sommes pas nés pour être domptés. Nous sommes des journalistes sauvages et plébéiens, pas des petits soldats de l’info bêtes et disciplinés.
Nous voulons suivre la voie de notre bon maître Gonzo, le Doc Thompson, pour qui un bon petit reporter se devait d’avoir “le talent du maître journaliste, l’œil du photographe artiste et les couilles en bronze d’un acteur d’Hollywood”. Nous pensons avec ce cher Hunter citant Faulkner qu’il arrive que “la meilleure fiction soit bien plus vraie que n’importe quel type de journalisme”. Que de plus en plus souvent “les faits sont des mensonges” serinés par des story tellers pour être copiés-collés à l’infini par des scribes robotisés. Et que pour atteindre la vérité, il faut se fier à son instinct sauvage et se laisser porter par la danse chamanique des mots “comme une balle de golf d’un blanc étincelant sur un fairway où le vent ébouriffe les paquerettes” .
Entendez-vous cette rumeur venue des tréfonds de l’internet ? Les temps changent. La roue de l’Histoire informationnelle a tourné. En 2007, lorsqu’une poignée de vétérans du métier a déserté les rangs de la vieille presse sclérosée pour lancer les premiers sites d’info en ligne hors système avec de jeunes recrues venues de barbarie numérique, on se gaussait de ces blogs à peine améliorés rédigés par des gueux et des proscrits qui prétendaient rivaliser avec la grande presse : “Jamais ces Rue89 et autres Mediapart ne tiendront plus d’un an”, entendait-on à Paris dans les allées du pouvoir journalistique. Bien sûr il y eut des morts. Bakchich, le vilain petit Canard numérique. Mais aussi des naissances. Owni et son info digitale venue d’ailleurs… Mais pendant ce temps là, les “grands” journaux, ces Tigres de papier, ont vu leur royaume imprimé s’effriter année après année. Ils ont vu leurs ventes et publicité pourrir et s’effondrer sur pied. A force de sacrifier aux dieux médiocres du marketing éditorial. A force de proposer toujours la même soupe standardisée, de coller au “temps de cerveau disponible”, d’oublier que notre métier est d’abord celui de l’offre. A force aussi d’avoir peur de l’Internet, cette nouvelle démocratie de l’info participative, sociale et citoyenne. A force de mépriser ces OS du Web qui étaient seuls à maîtriser les arcanes de la technologie, la vieille aristocratie décadente du papier est totalement passée à côté de la révolution numérique. Elle est aujourd’hui au bord du précipice et sur le point de tomber dans les poubelles de l’histoire. C’est ainsi.
Voilà donc qu’un vent de panique s’est mis à souffler sur la belle ordonnance des phalanges de l’Empire. Ce n’est pas encore la débandade généralisée. Mais les signes de la fin des temps anciens sont là. L’ordre médiatique établi vient de connaître son désastre de Teutoburg: pour la première fois, un messager venu des forêts sombres de l’Undernet, j’ai nommé WikiLeaks, a dicté son agenda aux plus grands journaux de la Planète. On a vu le New York Times, le Guardian, le Spiegel et Le Monde se rendre docilement à l’oracle barbare des 250.000 câbles diplomatiques américaines rendus publics par Assange. Plus rien ne sera comme avant. D’autres “Zones Autonomes d’Information” vont naître ici et là, frapper de leur clavier et disparaître avant d’être écrasées pour renaître ailleurs dans les failles de l’Empire, suivant les préceptes “TAZ” du cyber-prophète libertaire Hakim Bey.
Bientôt d’autres “journalistes et hors la loi”se lèveront et rivaliseront de diatribes magiques et hallucinées dans la lignée du grand Chaman des mots, ce cher Hunter. Et les jeunes forçats du Web briseront leurs chaînes sur l’air du “qu’est ce qu’on attend pour mettre le feu à l’Info !”. Les lecteurs suivront ou non. Qui nous aime nous suive ! Ils suivront. Ils ont déjà déserté en masse le papier et la télé pour le Web, l’info-burger pour la bio-diversité des sites indé, des réseaux sociaux et des blogs. Bientôt l’on entendra ce qu’il restera des Césars médiatiques d’autrefois, lancer le cri d’Auguste: “Varus qu’as tu fais de mes légions ?”. Rome ne brûlera pas mais l’Empire s’effondrera de lui-même face à la nouvelle République des médias par tous et pour tous. C’est écrit.
Maître Gonzo ;)
Illustrations CC FlickR: par Dunechaser,
par Abode of Chaos
J’entends déjà les ricanement des professionnels de la profession : encore un écrivain raté qui estime avoir fait le tour du métier ! Et les railleries des jeunes journalistes affamés : encore un aristocrate de la vieille presse qui fait mine de vouloir secouer le cocotier sans renoncer à sa rente… Ne disait-on pas déjà au temps d’Honoré de Balzac que le journalisme est une profession de dilettantes et de parasites, pratiquée par ceux qui ne savent rien faire d’autre ? Peut-être. J’en accepte l’augure. Une chose est sûre, le journalisme tel que je l’ai appris, tel que je l’ai connu et pratiqué dans les années 90, est bel et bien mort et enterré.
Fini l’artisanat de la plume et le temps des bouclages enthousiastes, fini le temps donné au temps de l’enquête et de l’écriture, la défiance naturelle vis-à-vis des pouvoirs et de leurs communiquants, exit le sens du collectif et la fierté de la carte de la presse… place aux forçats du web et aux entreprises à produire de l’information standardisée “déclinable sur tous les supports” comme disait l’autre. D’autres que moi, avant moi, à commencer par l’intransigeant Narvic, ont fait le même constat amer à mesure que nos grands journaux réduisaient leurs effectifs à tour de bras, se transformaient en entreprises à produire de l’information standardisée, devenaient des “marques” sans âme et sans histoires au propre et au figuré… sans pressentir une seconde la fin de leur monde de papier.
Plutôt que d’investir des millions dans des imprimeries et des nouvelles formules comme autant de batailles de retardement désespérées, ces fleurons de la presse hexagonale auraient mieux fait d’aller à la rencontre de leur lecteur 2.0, d’inventer de nouvelles formes de journalisme en ligne, de valoriser les jeunes journalistes web au lieu de les transformer en OS de l’info, de s’ouvrir à la formidable richesse de la blogosphère…Bref d’apprendre à surfer sur le grand Tsunami numérique pour ne pas faire naufrage. Mais c’est une autre histoire que j’ai déjà raconté ici.
Et il vaut mieux regarder devant, aller de l’avant. Les vieux journaux de l’ère Gutenberg qui n’auront pas su s’adapter sont sans doute voués à l’extinction, comme des Newsosaures. Mais le journalisme, lui, n’est pas mort. Encre et papier ou flux numérique sur tous les écrans, qu’importe le support. Le besoin d’information, de lire et raconter des histoires pour traduire le réel, garder et transmettre la mémoire, construire l’histoire, est un besoin essentiel depuis que l’homme est homme. Le journalisme n’est pas mort. Il est juste malade, saisi de torpeur et de paresse, gagné par la résignation à l’image de la société. Le journalisme n’est pas mort, il a juste besoin d’un électrochoc… de se mettre en danger, de revenir un peu à cet état sauvage de la révélation, de la dénonciation, de la verve et du mot que l’on ne trouve plus que dans les marges du métier. Chez les franc-tireurs du journalisme en ligne (Mediapart, Rue89, Electron Libre…), chez les explorateurs des nouvelles frontières de l’information numérique (OWNI), dans quelques revues (XXI). Et sur certains blogs de journalistes, encartés ou non. Ces interzones de la contre-culture journalistique où l’on invente et réinvente la manière d’informer, de raconter, de témoigner envers et contre le renoncement ambiant.
“Ce journal sera comme une embuscade dans la jungle de l’information”, proclamait le manifeste proto-Mao de Libération à la naissance du journal en 1973. Tout un programme que je fais mien (le maoïsme de l’époque en moins). Quand ma journée de journaliste officiel est terminée, je quitte mon costume raisonnable et je redeviens un peu sauvage sur ce blog. Je ne crache pas dans la soupe qui est plutôt bonne dans mon journal, je suis plutôt fier de mon travail en équipe, heureux de tomber la copie et sortir mes pages jour après jour. Mais comme beaucoup, j’ai un besoin d’un Ailleurs, d’autre chose en matière de pratique et d’écriture journalistique.
Appelons cela Gonzo, post-journalisme, journalisme subjectif ou littéraire, ou bien journalisme du réel comme on dirait cinéma du réel… comme vous voulez. C’est très présomptueux. Mais je pense juste que mon plaisir d’écrire sur le monde qui nous entoure en cassant les codes habituels peut rencontrer plus intensément celui du lecteur. Que ce lecteur, sans toujours le savoir, a envie d’autre chose que cette malbouffe informationnelle qu’on lui sert tous les jours à la cantine des journaux et sites Internet standardisés. Que le journalisme est avant tout un métier de l’offre et non de la demande. “Il y a les journalistes qui s’intéressent à ce qui intéresse le public et ceux qui intéressent le public à ce qui les intéresse. Ce sont les grands”, écrivait Gilbert Cesbron.
À l’inverse, avec un peu d’entrainement, le journalisme standard ce n’est pas sorcier. Pour choisir son sujet, il y a le fil de l’AFP et les sollicitations constantes des services de presse qui ont bien compris qu’un article téléphoné valait moins cher qu’une page de pub. Pour avoir un scoop comme on obtient un nonos, il y a les incontournables sources “autorisées” et autres “story tellers”. Deux, trois coups de fil pour vérifier et c’est parti. Écrire un article pour être lu comme on dit au CFJ ce n’est pas compliqué en soi : une accroche poncif, on répond aux cinq ou six “W” (Qui, Quoi, Où, Quand, Comment ? Pourquoi ?), on construit son papier en pyramide inversée (du plus important au détail) comme on l’a appris à l’école, une chute poncif et hop c’est plié ! À la télé, à la radio, où l’on puise ses sujets dans les journaux c’est la même chose, toujours les mêmes lancements, l’absence de risque et d’originalité.
Alors j’ai envie de dire aux jeunes (et vieux) journalistes qui veulent tenter autre chose, à tous ceux qui en ont encore la force et l’envie : s’il vous reste un peu d’énergie le soir, la nuit et le week-end, et surtout si vous n’espérez pas en vivre, aventurez-vous dans les marges du web et de la blogosphère pour écrire comme vous le sentez, prenez la balle de l’actualité comme elle vient et tapez ! Don’t hate the media, be the media ! N’écoutez plus les raconteurs d’histoire, quittez vos postes de travail scotchés, sortez dans la rue, allez à la rencontre des gens, des faits, du réel, redevenez témoins, fiez vous à vos yeux, à vos oreilles, à votre jugement…
Ensuite écrivez non seulement pour être lu, mais aussi pour faire plaisir à votre lecteur et vous faire plaisir : jouez, dansez avec les mots comme un Shaman indien à la manière d’un Hunter S. Thompson, ou bien soyez aussi précis et professionnel qu’un journaliste du New York Times… Qu’importe le style du flacon du moment que vous faites passez l’ivresse du moment. Mais restez toujours fidèles aux faits et témoignez du réel. C’est l’essence du métier. Soyez impressionnistes ou hyperréalistes, mais appelez un chat un chat, une chatte une chatte, un pauvre un pauvre, une injustice une injustice, un escroc un escroc. Bref, soyez sauvages, aventureux, aventuriers, prenez des risques et ne prenez pas le lecteur pour un con, il vous en sera reconnaissant. Et qui sait, vous ferez peut-être entendre votre petite voix discordante dans le ronronnement ambiant. Et participerez, à votre manière, à la révolution de l’info de demain. Il arrive parfois qu’un bon papier se transforme en pavé lancé dans la mare aux vieux canards.
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Billet initialement sur Mon écran radar
Image CC Flickr Tambako the Jaguar, Okinawa Soba et jonandsamfreecycle
]]>Mais c’est en lisant cette phrase…
Je n’ai pas encore trouvé de dope qui puisse vous faire monter aussi haut qu’être assis à un bureau à écrire
… que m’est venue l’idée de vous proposer un petit précis de journalisme Gonzo à partir de quelques citations extraites de cet ouvrage précieux… Ceux qui suivent mon compte Twitter y reconnaîtront l’un de mes épisodes prosélytes maniaques. Pour les autres le tour de manège est gratuit. Place donc au journalisme selon Hunter en six leçons !
Le BA à BA du journalisme, mais qui prend encore vraiment le temps d’ouvrir grand les yeux aujourd’hui à l’ère du journalisme Shiva ? “Il ne prenait pas de notes mais il observait et se souvenait bien des choses” (…) “Il était toujours extrêmement tendu, grave sur les nerfs et aussi très concentré, d’une manière que seul quelqu’un ayant ce sens de l’observation peut imaginer” (témoignage de William Greider du “Washington Post”)
“La brillance de Hunter et de son journalisme demi-halluciné, c’est qu’il donnait la vérité des choses. Il exagérait, décrivait des luttes titanesques (…) c’était excessif, mais vrai en un sens plus profond” (William Greider du Washington Post)
Bien sûr en cherchant la Vérité avec arrogance et folie, Hunter ne se fit pas que des amis. Voilà ce qu’il disait de ses confrères journalistes : “Il n’y avait pas de place dans leur univers plein de suffisance pour un homme méprisant la médiocrité – qui ne permettait à rien ni à personne de se mettre en travers de la vérité. Le monde de la grande presse américaine était une plaisanterie débile, le cimetière ultime des marchands de ragots et de ballots prétentieux”.
“Hunter Thompson apprit à imiter dans sa prose l’effet explosif des drogues sur l’esprit” (le critique littéraire Morris Dickstein).
Ce n’est pas un scoop Hunter Thompson prenait de tout : amphet, mescaline, dexedrine, LSD, Tequila… ce n’est pas à recommander. Intrinséquement defoncé, son journalisme n’en était pas moins utile et virtuose. S’il fallait en retenir quelque chose, c’est le fait d’écouter sa vision subjective de la réalité à partir de l’observation des faits et de laisser rouler ! Le lecteur suivra ou ne suivra pas…et alors ?
En l’espèce, l’écriture automatique était donc la plus puissante drogue à laquelle Doc Thompson s’adonnait:
“Il avait cette espèce de décharge électrique et se mettait à taper. Une phrase, puis il attendait de nouveau. Il avait une nouvelle décharge et il tapait une autre phrase” (…) “Ses textes lui venaient comme autant de visions et non d’un travail journalistique approfondi” (témoignage de son collègue de “Rolling Stone” Tim Crouse)
Dans ses transes éditoriales, qu’il soit sobre ou sous influence, Hunter S.Thompson a bel et bien inventé une nouvelle écriture journalistique (?) alliant fulgurances stylistiques et folie furieuse. Dans le déluge crépitant sur sa machine à écrire Selectric, il avait toujours le souci du mot juste, de l’image vraie, puissante et efficace. Voilà ce qu’il disait lui-même de sa trouvaille : “Je suis fichtrement accro à mon nouveau style (…). Un journaliste plongé dans le Gonzo est comme un junkie ou un chien minable. Il n’y a pas de remède connu”.
Son “New Journalism” suscita autant l’admiration jalouse de ses confrères que le respect stupéfait des milieux littéraires : “En pleine forme Thompson faisait étalage de l’un des rares styles originaux de ces cernières années, un style reposant, de manière presque délirante, sur l’insulte, les vitupérations et un flot d’inventions, à un degré sans précédent depuis Céline” (le critique littéraire Morris Dickstein).
“La méthode Hunter, c’est du hooliganisme mais de la meilleure sorte. Il s’agit d’ébranler les gens” (le dessinateur de presse Ralph Steadman)
Passons sur le fait que le Doc pouvait rendre sa copie avec des mois de retard, qu’il forçait la porte de ses employeurs (“The Nation”, “Rolling Stone”, “Playboy”…) ivre et titubant, vétu d’un short et d’une chemise hawaïenne, coiffé parfois d’une perruque blonde ou brandissant une arme chargée, qu’il battait tous les records de notes de frais éthylo-narcotiques… A elles seules, ses méthodes de travail épuisaient ceux qui étaient chargés de le relire et de le publier :
“Une bonne part de ce qu’il écrivait arrivait sous forme d’inserts. Rien que ça, pas de fil conducteur, pas de conclusion, et il nous fallait les déplacer comme ci ou comme ça jusqu’à ce qu’on parvienne à une mosaïque qui nous plaise” (Charles Perry, responsable de la copie chez “Rolling Stones”)
“Il avait aussi besoin qu’on lui dise : Continue dans cette direction… arrête d’aller vers celle-là, ça ne donne rien. Il fallait le guider parcequ’il travaillait contre la montre (…). C’était comme être le manager d’un boxeur, ou diriger une tournée. Mon rôle avec lui allait de l’édition ligne à ligne à la gestion de la tournée” (Jann Wenner, rédacteur en chef de “Rolling Stone”).
Défoncée, cynique, ricanante, mais éminement sincère et VRAIE, la méthode Hunter est évidemment aux antipodes de ce qu’on apprend aux jeunes journalistes (“les faits, rien que les faits”) et de ce qui se pratique aujourd’hui dans ces entreprises à produire de l’information que sont devenus les journaux.
Voilà comment l’intéressé décrivait son art avec le sens de la formule qui est le sien :
Le vrai reportage Gonzo exige le talent du maître journaliste, l’oeil du photographe-artiste et les couilles en bronze d’un acteur d’Hollywood
Evidemment, le talent pur ne s’apprend pas… Mais je crois sincérement que cette vision du métier devrait être – elle aussi – enseignée dans le écoles de journalisme. Avec un peu de chance, le Doc susciterait quelques vocations Gonzo – même si l’époque ne s’y prête guère – et la presse serait sans aucun doute beaucoup moins chiante à lire et sans doute plus un peu plus lue…
Imaginez un peu un article aujourd’hui qui commencerait par cette phrase :
“Étranges souvenirs par cette nerveuse nuit à Las Vegas. Cinq ans après ? Six ? Ça fait l’effet d’une vie entière, ou au moins d’une Grande Époque — le genre de point culminant qui ne revient jamais”. Ca aurait de la gueule non ?
Alors la méthode Hunter demain au programme du CFJ ou de l’ESJ de Lille ? Pas sûr que cela plairait au Duke… Voici en Bonus la définition du métier délirante et pleine de fureur qu’il nous a laissé avant de se tirer une balle dans la tête il y a quelques années :
“Journalism is not a profession or a trade. It is a cheap catch-all for fuckoffs and misfits – a false doorway to the backside of life, a filthy piss-ridden little hole nailed off by the building inspector, but just deep enough for a wino to curl up from the sidewalk and masturbate like a chimp in a zoo-cage…”
Ce qui donnerait à peu près en français :
La presse n’est fait que d’une bande de tantouzes brutales. Le journalisme n’est ni une profession, ni un métier. Ce n’est qu’un attrape-connards et un attrape-imbéciles à deux sous – une fausse porte donnant sur les prétendues dessous de la vie, une misérable et écœurante fosse à pisse condamnée par les services de reconstruction, juste assez profonde pour qu’un poivrot s’y terre au niveau du trottoir pour s’y masturber comme un chimpanzé dans une cage de zoo
Étonnant non ?
[MàJ 03/08 - 11h50]
J-C. Feraud a publié aujourd’hui un nouvel article à ce propos sur son blog, où on y découvre un futur biopic sur la vie de Hinter Thompson, dont voici le trailer :
Cliquer ici pour voir la vidéo.
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> Article initialement publié sur “Sur Mon Ecran Radar”
> Illustrations CC FlickR par Zombie Inc. Wholesale zombies for over 20 years, Profound Whatever et mueredecine
]]>“Étranges souvenirs par cette nerveuse nuit à Las Vegas. Cinq ans après ? Six ? Ça fait l’effet d’une vie entière, ou au moins d’une Grande Époque — le genre de point culminant qui ne revient jamais. San Francisco autour de 1965 constituait un espace-temps tout à fait particulier où se trouver. Peut-être que ça signifiait quelque chose. Peut-être pas, à longue échéance… mais aucune explication, aucun mélange de mots ou de musique ou de souvenirs ne peut restituer le sens qu’on avait de se savoir là et vivant dans ce coin du temps et de l’univers. Quel qu’en ait été le sens…”
C’est sûr, Hunter S. Thompson n’aurait pas du tout aimé cela. Il partirait dans de folles diatribes, cracherait par terre en soufflant la fumée de son éternel fume-cigarette par les oreilles, agonirait d’injures les responsables de ce désastre : le Kapital, les patrons de journaux, les journalistes, les lecteurs, la technologie, Internet, les internautes, la consommation, le prêt à consommer, l’inculture et la culture du vide… bref collectivement NOUS.
Mais dans le désastre qui fait aujourd’hui de la presse une Siderurgie 2.0 (j’emprunte le concept à Pierre Chappaz) nous sommes encore quelques uns, journalistes professionnels, a essayer des chemins de traverse, faute de pouvoir prendre le maquis. On nous accuse d’être réactionnaires, rétifs au changement, aux “réformes” (le mot a tellement été “retourné” comme un gant sur le plan sémantique). Parce que nous n’adhérons pas à la logique du flux pour le flux, du toujours plus avec moins, du journalisme “Shiva” multitâches, du rédiger toujours plus court, toujours plus vite, toujours plus mal… Parce que nous moquons les nouvelles modes et refusons l’illusion que le tout-technologique sera la Panacée de la crise des médias. Ce scientisme est parfois poussé jusqu’à l’absurde : avez-vous déjà entendu parler du “robot-journalisme” auquel j’ai consacré ce billet ?
Un rail de tweet ? Photo Foxtongue sur Flickr
“Est-ce que bloguer c’est tromper ?” : quand Nicolas Celic, lui-même blogueur et grand utilisateur de Twitter m’a proposé une interview tournant autour de cette question à la Thierry Ardisson, j’ai accepté sans hésiter. L’occasion d’expliquer un peu mon travail de journaliste-blogueur et de faire un bilan après six mois d’expérience tout en évoquant l’impact des nouveaux médias sociaux sur mon métier.
Twitter est en train de nous transformer en véritables junkies de l’info, bloguer c’est de l’esclavage consenti… Morceaux choisis de cet échange initialement publié sur le blog SmallTalk de l’agence 3D Communication.
Quel est l’impact des “nouveaux médias” (blogs, Twitter, agrégateurs etc…) sur vos habitudes de journaliste ?
L’explosion des médias sociaux et l’avènement de l’Internet temps réel c’est avant tout une formidable accélération pour les journalistes : nous sommes soumis à une avalanche d’infos… ou d’intox qu’il faut analyser, hiérarchiser, classer, décider de traiter ou non. Avec Facebook, Twitter, les blogs tout le monde devient producteur ou relais d’informations : notre métier c’est plus que jamais faire le filtre, le médiateur pour raconter la bonne histoire, interagir avec les lecteurs qui risquent de perdre le fil et le sens de l’actualité. L’info sur le Net est terriblement redondante et en même temps, on ne sait plus ou donner de la tête.
Pour exister dans ce flux, le journaliste doit beaucoup plus qu’hier vérifier ce qu’on lui raconte, mieux angler ses papiers, soigner l’écriture, raconter l’histoire qu’on n’a pas vu ailleurs et bien sûr sortir de vraies infos. Avec le numérique qui fait de la presse une sidérurgie 2.0, l’imprimé qui devient peu à peu obsolète, le journalisme doit aussi faire sa révolution. C’est très darwinien : évoluer, intégrer les nouvelles technologies ou mourir…
Twitter : un ami, un concurrent, une perte de temps ?
Une drogue dure ! Un journaliste du “New Yorker” a écrit un papier qui a fait le tour de la blogosphère : “Twitter is like crack for media addicts”. Je confirme. J’ai toujours un œil sur Twitter sur mon PC au journal ou chez moi, sur mon iPhone dans le métro ou au resto, du matin au soir. Mes collègues et ma famille hallucinent. Quand je pars en vacances il me faut bien deux-trois jours pour décrocher ;-) Twitter a fait passer l’info à l’ère du temps réel, c’est sans retour.
Mais avec un peu d’organisation et de recul, on peut s’en faire un formidable allié pour choisir et filtrer ses sources, s’en servir comme d’une vigie. Twitter est devenu presque plus important pour moi que les fils AFP ou Reuters car je sais qui m’alerte et quelle est sa crédibilité. On arrive assez bien à faire le tri entre l’info et la rumeur en 140 signes et il y a des articles ou des billets de blogs que je n’aurais jamais vu sans Twitter. C’est une véritable moissonneuse à liens qui a fait passer la collecte de l’info sur Internet à l’ère industrielle !
Enfin et ce n’est pas rien à l’heure où les vieux médias vacillent, Twitter est aussi un formidable accélérateur pour diffuser ses articles, faire connaître son travail, ou en chercher. Le” journaliste marque” je n’y croyais pas, ça me rebutait culturellement. Mais là encore on y vient, car les lecteurs sont demandeurs : sur Internet, ils suivent des médias mais aussi des journalistes et des blogueurs qui deviennent eux-aussi des micro-médias.
Votre blog : Un choix ? Une contrainte ? Quelle liberté dans sa ligne éditoriale ?
Une révélation. Je fais quelque chose de nouveau tous les trois ans : du quotidien, du magazine, de l’encadrement. Ça m’est tombé dessus tout d’un coup en septembre 2009 : j’avais besoin d’écrire plus freestyle, dépasser le cadre traditionnel du journal et de la rubrique high-tech/médias que je dirige. Sur mon blog, je peux essayer des tas de choses : billets d’humeur, papiers moins économiques et plus sociétaux, reportages, portraits, business stories, chroniques culturelles, débat d’idées… avec une plume forcément plus personnelle et un peu plus déliée. Je suis le metteur en scène de mon info, pour la titraille, l’illustration et surtout je n’ai pas de contrainte de place ! Contrairement à ce qu’on raconte sur Internet, il ne faut pas forcément écrire court pour être lu : il faut essayer d’écrire mieux, raconter une histoire, toucher le lecteur…
Pour ce qui est la liberté éditoriale, je ne me pose pas trop de questions tant que mon info est sérieuse, recoupée, validée. pas de rumeurs bullshit, pas de mise en cause personnelle gratuite…Comme blogueur, je ne travaille pas différemment que quand je suis journaliste aux “Échos”. Mais c’est vrai qu’en tant que citoyen-blogueur, je me permets un peu plus de donner mon avis. De toute façon, l’objectivité journalistique n’existe pas, seule compte l’honnêteté ou ce qui s’en rapproche…
Faut-il être schizophrène pour mener de front une vie de journaliste et un blog ?
Complètement schizo ! Mais j’essaie de cloisonner : à la rédac’ j’ai des responsabilités alors je pense collectif, quand je blogue je joue forcément perso. J’ai l’hémisphère droit qui pense journal et le gauche blog… sans arrière pensées ;-) Je réserve mes infos exclusives aux “Échos” qui m’emploie, et mes humeurs à Mon écran radar. Et j’écris mes billets chez moi tôt le matin avant d’aller travailler, tard le soir ou le week-end dans la mesure où ce blog ne fait pas (encore ?) partie de mes missions au journal…
Quelles sont les réactions au sein de votre rédaction depuis que vous avez lancé ce blog ?
Disons que je passe sans doute pour un drôle d’oiseau car je suis l’un des premiers journalistes à avoir lancé son blog perso aux “Échos”. Un journal, c’est un travail d’équipe mené par une collection d’égos qui se manifestent plus ou moins. Quand quelqu’un sort du rang et devient un peu son propre média, ça peut déranger certains. Mais j’ai eu bien plus d’encouragements que de reproches. Et les journalistes sentent bien aujourd’hui que c’est dans le numérique que ça se passe.
Quel est votre rapport avec vos lecteurs depuis que vous bloguez ?
J’ai enfin trouvé ce contact avec le lecteur que je recherchais depuis vingt ans : les gens réagissent, vous engueulent ou vous félicitent. Il faut répondre, argumenter. Interagir ça aide aussi à apprendre encore, à corriger ses erreurs, à améliorer un billet, à revenir sur l’info…
Ce blog dans cinq ans ? Un jouet cassé, votre activité principale, un joli souvenir ?
Mon activité principale je pense, mais sous une autre forme plus collective : je verrais bien ce blog s’ouvrir, devenir un agrégateur d’infos et de contributions. Sur Mon écran radar pourrait devenir “Sur Notre écran radar”, une sorte de réseau social journalistique que je dirigerai tel un despote éclairé ;-)
Dernière question : de quelle personnalité, vivante ou disparue, contemporaine ou non, aimeriez-vous lire le blog ?
Sans hésitation aucune : Hunter S. Thompson, l’inventeur du “gonzo journalisme”, pour sa plume hallucinée, sauvage et totalement libre. Il utilisait certaines substances pour libérer son écriture mais c’était surtout un rebelle et un poète à la fois dans sa manière de travailler. il se définissait lui-même comme journaliste et hors-la-loi ! Cela a plus de gueule que “forçats de l’info” ou ou “OS du Web” non ? Thompson est surtout connu pour l’adaptation cinématographique de “Fear and Loathing in Las Vegas” (Las Vegas Parano) mais il a écrit des textes formidables plus proches du roman journalistique que du journalisme à la chaîne que l’on connaît aujourd’hui. Il est mort en 2005 mais je rêverai de savoir ce qu’il penserait de notre époque et de son actualité.
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> Billet initialement publié sur Mon écran radar
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