Il développe en parallèle un travail photographique personnel dont il publie en auto-édition en 2009, une première série dans un livre intitulé « Tout est calme ». Vous pourrez trouver l’ensemble de cette série plus d’autres éléments de l’oeuvre de Frank Loriou jusqu’au 15 janvier au Forum de rencontres à Montparnasse.
Je suis autodidacte en à peu près tout. J’ai travaillé longtemps dans l’imprimerie en tant que photograveur, puis je suis devenu graphiste. En tant que graphiste, j’ai travaillé sur beaucoup de pochettes de disques ces dernières années, et j’ai également commencé plus discrètement un travail photographique personnel, que je ne n’ai rendu public qu’assez récemment, avec la publication d’un premier livre en auto-édition, en “auto tout”.
J’ai été responsable du service graphique de Virgin France, et là j’ai commencé à faire pas mal de pochettes, dont l’album Clandestino avec Manu Chao, Le Phare de Yann Tiersen, etc.
Les illustrateurs dessinent, peignent…, les photographes photographient, et les graphistes, eux, mettent en scène le tout en y apportant leur sensibilité, leur univers. Ce sont un peu les designers, les architectes de tout ça. Ils retravaillent éventuellement graphiquement les images, y intègrent la typographie.
En fait, pour être plus précis, je travaillais dans une photogravure à Paris et certaines personnes chez Virgin me connaissaient. Lorsqu’ils ont eu besoin d’un graphiste ils m’ont proposé le poste.
C’est surtout une autre discipline. Le graphisme était vraiment mon activité principale, et celle dans laquelle j’étais le plus compétent. La photographie était ma cour de récréation, dans laquelle j’ai encore beaucoup à apprendre. J’avais juste envie de faire un travail vraiment personnel, dégagé de toute la pression des travaux de commande. D’ailleurs ma première série principale est vide de toute présence humaine, à l’opposé de mon travail dans le disque. Ceci dit, ces photos ne parlent que d’humanité finalement.
Les portraits, c’est une histoire assez culturelle. Dès qu’on fait une pochette de disque pour la France c’est un portrait. Sur la pochette du dernier album de Yann Tiersen, qui vient d’être signé directement par un label anglais, on a pas mis de portrait mais la photo d’une voiture dans une forêt, et les anglais ont dit : “Wow, great!”, alors qu’en France il aurait fallu l’imposer au label, très probablement.
Eh bien on dit, et je suis assez tenté de le croire, que ça viendrait de la culture religieuse des pays. C’est à dire que les français, comme les Italiens sont des pays catholiques et que dans le catholicisme on passe par l’image pour exprimer ce qu’on a à dire. Par exemple, un Christ sanguinolent représente la souffrance de la crucifixion. La religion protestante a totalement aboli toute représentation de Dieu, et communique par des mots, ou des signes graphiques.
La croix, c’est deux traits, la référence ce sont les écritures. Et comme par hasard, les pays anglo saxons, d’obédience protestante, ont une vraie culture de la typographie et du signe, alors que les pays comme le nôtre ont besoin d’incarnation, de représentations visuelles.
On pourrait presque dire que les protestants s’adressent aux gens comme à des adultes, capables de comprendre des pensées assez subtiles, alors que les catholiques s’adressent aux gens comme à des enfants, qui ne sauraient pas lire et auraient besoin d’images.
En France, on le retrouve souvent dans la communication. Il faut une photo ! Les mots ne suffisent pas. Peut-être sommes-nous davantage à la recherche d’émotions. C’est un vecteur d’émotion de croiser un regard, qu’il y ait une forme d’incarnation à projeter sur la musique ensuite.
Je travail avec beaucoup de timides qui n’ont pas une folle envie de se montrer. Je dois aider à le faire sans avoir le sentiment de se trahir. Dans la variété française, il y a des gens qui adorent se montrer! Mais moi, les artistes avec lesquels je travaille, c’est plutôt des gens pour qui c’est une contrainte donc je les aide à se montrer sans se voiler ou alors en dévoilant des choses qu’on ne voit pas trop sur une pochette. Moi, c’est toujours un peu l’émotion qui dirige mon travail finalement.
J’ai fait pas mal de métiers, j’ai été vendeur en librairie, puis imprimeur, graphiste, photographe, donc j’avais toutes les compétences nécessaires pour me lancer dans un tel projet. En 2008, j’ai tenu un journal photographique, pour lequel j’ai produit beaucoup d’images.
Ensuite, j’ai fait un tri assez radical pour n’en garder que l’essence. Ces images sont plutôt humbles. Elles s’appuient essentiellement sur le quotidien et avaient besoin les unes des autres pour prendre vraiment leur dimension. Le livre était le support idéal.
En même temps je faisais un peu le parallèle avec la crise du disque, et et je me disais : “voilà, je vais passer des mois à courir les bureaux des éditeurs en parfait inconnu, qui vont m’expliquer qu’il y a beaucoup de photographes, qu’on sort très peu de livres et que et que…et je me suis dit qu’au lieu de passer toute mon énergie à lutter contre la dépression, j’allais carrément éviter cette étape là. Donc je n’ai pas cherché d’éditeur, j’ai demandé des devis, estimé combien ça allait me coûter et je me suis dis que je devais pouvoir le financer moi-même.
Ensuite, j’ai procédé de la même manière concernant la distribution. Je me suis dit que j’allais monter un réseaux de librairies dans lesquelles j’allais mettre mon livre en dépôt.
Il est aujourd’hui en vente dans une trentaine de librairies en France que j’ai moi-même sollicitées. J’ai choisi pour la plupart des lieux importants de la photographie à Paris, comme la Galerie du Jeu de Paume, le Palais de Tokyo, la Maison Européenne de la Photographie, la librairie Flammarion de Beaubourg, et Artazart, qui m’a soutenu dès le début.
J’ai fait ma promo tout seul également, peut être à tort d’ailleurs, mais j’ai obtenu quelques articles importants pour moi.
Depuis un an, je travaille ce livre comme ça. Et j’en ai déjà vendu autant que la moyenne d’un livre photo en France, c’est à dire autant qu’un éditeur normal avec un réseau traditionnel.
Eh bien ça n’est pas vraiment impressionnant en fait, puisque en moyenne un livre photo se vend à 300 exemplaires environ, mais j’en avais quand même vendu plus de 350 exemplaires avant d’entrer à la FNAC.
Mathieu Charron qui s’occupe des galeries photos de la FNAC a été intéressé par mes images, et m’a proposé d’occuper le forum de la Fnac Montparnasse pendant deux mois et demi. Du coup, le livre est référencé dans ces magasins depuis début novembre, et cette semaine paraît une publicité d’une demie page dans les Inrocks autour du livre et de l’exposition, puis bientôt une seconde dans Le Monde Magazine. Donc au bout d’un an à travailler tout seul, je trouve enfin un soutien et un relais, et ça fait bien plaisir.
Mes premiers acheteurs ont été les gens de mon réseau, oui, c’est certain, et je les en remercie. A Paris, je suis allé majoritairement vers les librairies très spécialisées, et en province j’ai essayé d’en mettre de manière assez systématique de manière à couvrir à peu près tout le territoire, pour que les gens qui apprécient mon travail puissent le trouver assez facilement. Et sinon, bien évidemment, je le distribue moi même sur internet, via le site www.toutestcalme.fr
Je me suis vite rendu compte que le livre se vendait bien dans les librairies très spécialisées photo, et que les gens qui ont une culture photographique comprennent mieux les différents niveaux de lecture dans cette série, qui peut paraître déconcertante de simplicité pour certains.
Aujourd’hui, plus de deux milles personnes ont adhéré à cette page, dont 800 visiteurs des quatre coins du monde.
Je ne sais pas. J’imagine par ricochet ou bouche à oreille, par curiosité…En tous les cas, Facebook est le seul réseau que j’utilise, j’ai supprimé les autres.
Non, pas vraiment. Je sauvegarde au maximum les adresses mails de mon réseau Facebook, afin de pouvoir communiquer plutôt par e-mail. Au moment ou Facebook me semble saturé d’informations et d’invitations, que plus personne ne va voir, ou ne voit plus. Je refuse d’être dépendant de cet outil là. Je suis étonné du nombre de personnes avec qui je communique via Facebook, et qui ne figurent pas dans mon carnet d’adresses.
Cela ne me semble pas sain, on se retrouve en situation de dépendance. J’ai un site depuis une dizaine d’année, un myspace, un Facebook, cela me semble suffisant.
Non, je dois être un peu old school, comme en photo ou je ne travaille quasiment plus qu’en argentique. Je n’ai pas non plus envie de passer plus de temps à développer des réseaux qu’à faire de la photo. Je me tiens donc un peu à l’ecart d’une sur-présence sur le net, même si je suis très actif et présent sur ces trois plateformes que j’estime être la base. Je reste curieux et demandeur d’éventuelles nouvelles formules mais elles doivent s’imposer à moi par leur pertinence.
C’est un peu comme dans la musique, il y a les agents, les galeristes, les directeurs de festivals… Moi, je laisse un peu faire, et venir à moi ceux que mon travail intéresse. J’aimerais bien que quelqu’un me soulage, mais ma visibilité photographique est récente, et il s’est déjà passé tellement de choses.
Personnellement je découvre un peu le monde “professionnel” de la photo depuis un an, alors que celui de la musique je commence à bien le connaître.
Ça dépend. Quand ma photo se retrouve sur un blog artistique pour y présenter mon travail, le mettre en valeur ça ne me dérange pas. Si je trouvais des utilisations de mes photos au service de quelqu’un d’autre ou d’une société, c’est une autre histoire. Elles ne sont pas libres de droit. J’essaie de ne pas mettre trop d’images en ligne, pour ne pas dévoiler les séries complètes, et ne pas ôter l’intérêt d’acheter un bouquin ou d’aller voir une expo.
Pas par mon livre, qui est encore déficitaire à ce jour, mais par l’ensemble de mes activités : les pochettes de disque, le graphisme plus institutionnel, ma photographie personnelle, les travaux de commandes en photo. Avec la crise du disque je me suis beaucoup diversifié. J’ai investi dans l’artistique, et mon travail photographique personnel est en train de fusionner avec mon activité dans le disque.
Il y a autant de disques voire d’avantage, ce sont les budgets qui ont fondu. C’est-à-dire que quand les ventes de disques sont divisées par trois ou quatre, les budgets des gens qui travaillent dans le disques sont divisés par trois ou quatre.
Parfois, oui. Je tiens à être payé honnêtement et correctement et si on me demande des efforts, je veux être sûr que tout le monde en fasse, et que si l’album est un succès tout le monde y soit associé. Donc, je propose maintenant un genre d’intéressement sur les ventes, ce qui me permet de faire un prix serré au départ, et si cet album se met à marcher je bénéficie de son succès. J’ai un intéressement sur l’album de Florent Marchet par exemple.
Un système au pourcentage sauf qu’en France, on en est pas là encore. C’est marrant, parfois on nous dit qu’il n’y a pas de budget alors on leurs donne l’alternative intéressement, et la réponse et non. Ça veut donc dire qu’ils ont l’intention d’en vendre, c’est pas très honnête.
Et encore, l’intéressement ne concerne que les ventes de disques, alors qu’en fait, c’est sur l’ensemble du projet que cela devrait être le cas. Ce n’est pas seulement la pochette d’un album que l’on produit, mais des visuels qui vont servir aussi la tournée, aux singles qui partent en radio… Le visuel sert l’image globale de l’artiste.
Dans certains labels, on touche des droits spécifiques à internet, ce qui devrait être le cas partout. Mais attention, les droits photos et les droits du graphiste ne sont pas les mêmes. En gros, culturellement, le graphiste n’a droit à rien et cède tous ses droits.
Le photographe, on lui reconnaît davantage de droits. On retrouve cette théorie comme quoi la France et un pays d’image et ne comprend pas forcément ce qu’est le graphisme.
Pas vraiment, j’aime la musique au moins autant que la photo et le graphisme, si ce n’est plus. Disons que la plus belle chose qui pouvait m’arriver c’était ça.
Et bien c’est toujours un peu le dernier ou le prochain. Le dernier, c’est Florent Marchet, un très bel album auquel je suis fier d’avoir participé. La plus belle collaboration, c’est probablement Yann Tiersen avec qui je travaille depuis une quinzaine d’années, et dont j’ai fait quasiment toute la discographie, avec un vrai plaisir renouvelé à chaque fois. Sur le nouvel album j’ai aussi fait les images et on a pu éviter le portrait grâce à l’aspect international de ce nouveau projet.
Yann Tiersen a aujourd’hui une vision très internationale des choses. Vision en laquelle je crois depuis longtemps, et nous avons là l’occasion de le mettre en pratique. Il a signé sur des labels anglais et américains, gère lui même ses tournées, son management. C’est un bel exemple d’autonomie et une belle réponse à la période actuelle. J’ai fait l’album d’Arno aussi, c’était un vieux rêve de travailler pour lui. Et bien sûr Dominique A, Arthur H, Thomas Fersen, et tant d’autres. Tous ces artistes que j’aimais tant avant même de faire leurs pochettes.
Il est parti. Alain Bashung.
Sur Itunes, on continue de mettre des visuels de pochettes. Et puis la plupart de mes pochettes, elles sortent en vinyle aujourd’hui. Donc quand je fais celle de Yann Tiersen, je ne pense pas à la pochette du CD, mais à celle du vinyle. A notre niveau de passionnés de musique, on est pas frustrés finalement, au contraire c’est encore mieux qu’avant. Les passionnés aimeront toujours l’objet.
Ce sont peut-être des pochettes qui ne parlent pas au public concerné. Comme on a besoin aujourd’hui de vendre vite et de réussir plus qu’avant, la tendance serait de parler au plus grand nombre ce qui est souvent une garantie d’échec absolu. A vouloir toucher tout le monde, on touche personne. Alors que si on vise des niches très curieuses, très motivée, on a plus de chance de faire fonctionner le bouche-à-oreille. Mais ce public est plus exigeant, a besoin d’un univers graphique plus subtil souvent, pour s’y reconnaitre.
Mais il faut que ce visuel soit également accessible à un deuxième cercle de public qui, moins curieux, va plutôt découvrir l’artiste par la radio, et ne doit pas se sentir exclu par une image très radicale.Il faut toujours lui donner des signaux comme quoi on est pas en train de l’oublier au profit d’une masse qui ramènerai beaucoup plus d’argent.
Et enfin ce visuel doit aussi pouvoir plaire à un public très large, et plus éphémère. C’est une étrange alchimie.
Ce qui est bien avec cette manière de procéder, c’est que le troisième public, on lui offre quelque chose de qualité. On peut toucher un public TF1 avec autre chose que du produit TF1.
Il faut faire tout ce qu’il ne faut pas faire. Si tout le monde fait une chose, il faut faire l’inverse.
Il faut être créatif tout le temps. L’émotion, je crois que c’est aussi un facteur très important. Par exemple, la tristesse, c’est de l’émotion. Finalement, il y a des pochettes tristes qui vont déclencher un acte d’achat quand tout les autres sont souriantes et en couleur. On a fait une pochette de Yann Tiersen pour l”Absente” où il a la tête baissée dans le noir. C’est un disque qui a très bien marché, tout le monde avait adoré la pochette. Donc oui, c’est tout ce qu’il ne faut pas faire, et cette pochette est devenue culte grâce à ça.
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Interview réalisée et éditée par Lara Beswick et Loïc Dumoulin-Richet
Crédits Photos : Franck Loriou, droits réservés. Photo de clé : Yann Orhan, droits réservés.
Recueil “Tout Est Calme”, toujours disponible.
]]>Le projet que nous vous offrons cette semaine va bien au-delà. L’histoire de Slow Joe est en effet assez incroyable, si improbable et passionnante qu’un attaché de presse n’oserait même pas la rêver.
Tout commence par une rencontre. Celle de Cédric de la Chappelle, jeune acteur de la scène musicale indépendante lyonnaise, et de Joe, un Indien de 65 ans. Cédric est en vacances en Inde en 2007 lorsque sur une plage, il écoute un vieil homme chanter le blues. Et il a une révélation.
Il faut dire que l’homme a de quoi intriguer : blessé à vie à la suite d’une déconvenue amoureuse survenue dans sa jeunesse, il voue son existence toute entière à chanter pour celle qui n’a pas voulu de lui et allant jusqu’à nier son identité en abandonnant ses papiers, il part chanter sa douleur sur les routes indiennes. Mais le vagabond, un temps victime d’une addiction à l’héroïne, ne se départit pas d’un anglais très soutenu et d’une classe absolue.
Soufflé, Cédric de la Chappelle enregistre alors une heure de voix acapella. A son retour en France il travaille deux années durant à l’élaboration d’un album avec le groupe The Ginger Accident, mettant en musique la voix évocatrice de celui qui a illuminé son voyage. Le projet est présenté à Jean-Louis Brossard, qui est à la tête des Transmusicales de Rennes. Séduit, celui-ci veut celui qu’on appelle Slow Joe en raison de son flegme permanent en ouverture de son festival en 2009. Commence alors un véritable parcours du combattant pour retrouver Joe, qui accepte par ailleurs rapidement l’idée de se produire sur scène, mais surtout pour lui obtenir de nouveaux papiers nécessaires à son voyage en France. L’équipe de Caravelle, tourneur lyonnais, accompagne l’artiste dans les démarches, et au terme de cinq mois d’efforts, Slow Joe peut enfin embarquer, direction la Bretagne.
Si le voyage n’est pas des plus aisés, ce qui suit effacera toutes les embûches rencontrées pour permettre le moment magique du premier concert de Slow Joe and the Ginger Accident. Programmé en ouverture des Transmusicales, le groupe déchaîne l’enthousiasme du public et des médias présents, qui découvrent un artiste à part, un vieil homme de 67 ans à la démarche fatiguée mais à l’énergie scénique incroyable. Une étoile, rappelant par touches un certain Elvis, est née ce soir là. Tant et si bien que Jean-Louis Brossard décide de programmer le groupe trois soirs de suite. La suite, c’est une signature de co-édition avec Sony et la sortie d’un EP de six titres.
Nous vous proposons de découvrir le tonique When Are You Comin’ Home qui définit à merveille le son audacieux et chaleureux du projet. Un voyage musical, certes moins exotique qu’une semaine sur une plage de Goa, mais pas moins dépaysant.
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Crédits Photos : Stéphane Marchetti
]]>Cela avait commencé par un tweet un peu rageur, cet été, perdu depuis dans les profondeurs de ma timeline :
Et en France ? RT @journalismnews Event: ScraperWiki/LJMU Open Labs Liverpool Hack Day – Hacks Meet Hackers!
Hacks meet hackers pour ceux qui ne connaissent pas, c’est la rencontre entre des corps de métier jusque-là cloisonnés dans les médias d’information : développeurs, designers et journalistes. Une minute après ce RT bougon, je lançai l’idée : et pourquoi pas en France ? Quelques g-doc plus loin, l’event était sur pied, aidé de quelques bonnes volontés :
OWNI et Silicon Sentier, en partenariat avec Squid Solutions, af83média, la Netscouade et le Social Media Club France vous invitent à une journée de rencontre dédiée aux nouveaux outils du journalisme, une première en France. L’occasion de pratiquer ces nouvelles formes de journalisme, dans le cadre d’une battle d’applications entre équipes de professionnels mêlant designers, développeurs et journalistes, et de réfléchir à ce sujet, dans le cadre de tables rondes et d’échanges informels toute la journée.
Il s’est écoulé moins de trois ans entre l’invention du cinéma et son utilisation à des fins journalistiques, en 1897. Alors que rien ne rapprochait la plume et la caméra, les deux métiers évoluent main dans la main depuis plus d’un siècle.
Trente ans après l’arrivée de l’informatique grand public, de nombreux journalistes ne voient toujours pas l’intérêt de travailler avec des programmeurs, quand bien même internet devient le premier vecteur d’audience !
Tout comme le cinéma et la télévision ont apporté de nouveaux moyens au journalisme sans en dilapider l’essence, la programmation et le design interactif l’enrichissent et lui ouvrent de nouveaux horizons, à commencer par le datajournalism et les applications à valeur ajoutée.
Crowdsourcing, géolocalisation, traitement des données, visualisation, multmédia, interactivité, personnalisation de l’information, actualisation en temps réel, fédération de flux… les journalistes ont désormais une palette de nouveaux outils qui modifient leur pratique quotidienne et l’expérience des utilisateurs.
C’est grâce à la collaboration au sein d’équipe pluridisciplinaires que ces nouvelles formes de journalisme peuvent se concrétiser, en particulier sous la forme d’interfaces enrichies.
OWNI et Silicon Sentier, en partenariat avec Squid Solutions, af83média, Netscouade et le Social Media Club France organisent une journée de rencontre et de collaboration (battle) entre équipes de journalistes, développeurs-programmeurs et designers :
le mardi 28 septembre de 10 heures à 19 heures
à La Cantine,
151, rue Montmartre, 75002 Paris
(métro Grands Boulevards ou Bourse)
- de 10 heures à 18 heures : un concours de réalisation d’applications tout au long de la journée, mettant en compétition des teams de 3 à 5 personnes réunissant les trois compétences (journalistes, développeurs et graphistes) avec une restitution en fin de journée et la présentation des projets (les sujets seront tous liés à l’actualité, à la façon d’une rédaction innovante).
Avec la participation des équipes d’OWNI, la Netscouade, Umaps, Rue89, StreetPress, etc.
Proposez votre équipe > sabine[at]owni.fr
En parallèle, La Cantine sera aussi un lieu de rencontre et d’échange dédié aux nouvelles problématiques des médias.
Venez discuter toute la journée avec les acteurs de cette évolution avec en point d’orgue :
- de 11 heures à 12 heures : conférence sur les bonnes pratiques pour concevoir des applications liées à l’actualité et présentations de solutions, avec :
M. Julien Goetz, journaliste du pôle data d’OWNI.
M. Jean-Marc Delaunay, journaliste chez reporters d’espoir, auteur de l’application les cumulards du CAC 40
Melle Cécile Dehesdin et Grégoire Fleurot, journalistes chez Slate.fr, auteurs du Facebook de l’affaire Woerth-Bettencourt
M. Pierre Bance et M. David Castello-Lopes, respectivement développeur et journaliste, auteurs d’une carte interactive du chômage en France sur Lemonde.fr
Modération : Eric Scherer, directeur de la stratégie et des relations extérieures de l’AFP
Durant la pause déjeuner, les équipes feront un point sur l’avancée de leurs travaux.
- de 14h30 à 15h30 : conférence sur l’impact du datajournalisme : quelle est sa valeur ajoutée ? Quelles évolutions cela implique-t-il sur l’organisation des rédactions ? Avec la participation de :
M. Simon Rogers, du blog data du Guardian
M. Nicolas Kayser-Bril, responsable du pôle data chez OWNI
M. Christophe Deloire ou Olivier Porcherot du CFPJ
Modération : Régis Confavreux, ex secrétaire général de Télérama et ex directeur délégué de Courrier international
- à 18 heures 30 : présentation des applications préparés par les équipes. Désignation d’un vainqueur symbolique, qui gagnera un minitel. Les applications seront présentées en temps réel tout au long de la journée sur le site dédié, hackthepress.net.
- à 19 heures : cocktail
> les sujets et équipes / pour nous suivre toute la journée : http://hackthepress.net/ /-)
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Crédit grendelkhan
]]>Je suis seule.
Même les oiseaux étirent leur flemme encore quelques minutes pendant que l’aube peine à s’élancer à l’assaut du ciel.
Au début, il n’a même pas été un mouvement, juste une idée de mouvement, écrasée par la perspective de la cité administrative. Puis, il est devenu un clignotement, celui de sa minuscule silhouette qui alterne l’ombre et la lumière des lampadaires.
Orange. Gris. Orange. Gris.
Il grandit au rythme de sa progression solitaire. Je me demande ce qu’il voit de moi. La masse brune de mon manteau déjà trop chaud. Ou peut-être rien, une ombre de plus au pied de l’arrêt de bus, une irrégularité dans l’alignement morne des façades.
Il porte une sorte d’uniforme d’un vert de gris délavé, un peu avachi, surmonté d’une casquette assortie. Il trace sa route qui va passer au ras de mes bottes en prenant bien soin de ne pas arrêter son regard dans le mien. C’est toujours un peu intimidant une rencontre nocturne dans une ville morte, comme un extrait de film de fin du monde. Il est à peine un peu plus grand que moi, probablement plus vieux dans son personnage sans âge et son regard déteint s’acharne à fixer l’horizon fermé de la rue. Droit devant. Un pas devant moi. Son regard qui ne parvient pas à éviter de glisser vers le mien, toujours aussi impudique dans sa soif de photographie mentale.
- “B’jour”
Il a le souffle malaisé et la voix rauque de ceux qui ne se paient pas de mots.
- “Bonjour”
Sa nuque ralentit pendant que son pas hésite, que son torse, comme vrillé par une force irrépressible, se tourne lentement vers moi.
Encore un pas qui chevauche l’autre sans parvenir à s’enfuir et il me fait face.
Je ne cille pas. J’attends.
- “Vous savez, les bus sortent à peine du dépôt, ils vont bientôt arriver.”
- “Oui, je sais. Je vais prendre le premier train. Vous allez travailler ?”
- “Oui, comme tous les matins, depuis Libourne.”
- “Putain, c’est loin, ça doit vous faire tôt.”
- “Ben oui, mais qu’est-ce que vous voulez, madame, je n’ai pas le choix.”
- “Oui, je sais, nous n’avons pas beaucoup de choix.”
Il est rattrapé par son élan, hasarde deux pas de plus vers le centre-ville, hésite, s’arrête, hésite encore. Je sais qu’il va revenir, je sais que, comme souvent, j’ai rompu une digue, là-bas, quelque part dans sa gorge, quelque chose qui se dénoue et qui exige de jaillir.
Il revient vers moi.
Vous savez, moi, j’ai toujours bossé, toujours, dès 16 ans, j’ai trimé. Se lever tôt, ça me connaît et le boulot, ça me fait pas peur. Et pourtant, j’ai galéré. Là, tel que vous me voyez, j’ai tout perdu, j’ai perdu ma vie, j’ai rien. J’aurais jamais de femme, jamais de gosses, c’est foutu pour moi. Je vis chez ma mère, là-bas, à Libourne, et tous les matins, je viens ici. Putain, à moment donné, j’ai même dû aller chercher ma bouffe à la soupe populaire, oui, à la soupe populaire. La bouffe qui rend malade. Regardez comme je suis, ma vie est foutue. Moi, je vous le dis, ça peut pas durer comme ça. Partout, les gens se préparent, parce que ça peut pas continuer comme ça. Oui, madame, les gens se préparent, je vous le dis, et ça va chier. Mais regardez qui bosse aujourd’hui? Qui prend le boulot? Dans les chantiers, y a plus de Français, que des étrangers. Les Français, ils veulent pas se fatiguer. Moi, j’ai bossé sur les chantiers. J’ai trimé dur. Jusqu’à ce que je ne puisse plus. Je ne suis pas un faignant, moi, madame, jusqu’à ce que je puisse plus. Et là, j’ai eu le droit à rien. Quand t’es dans la merde, t’es seul. T’es toujours seul. T’as plus d’amis, t’as plus rien. T’es seul. Et si tu t’appelles pas Mohamed, t’as le droit à rien. Juste de crever. Oui, madame, tout seul.
J’ai tout écouté, sans bouger, sans rien dire, juste en soutenant son regard fatigué que des éclairs de colère animent parfois. Le flot de ses paroles ne s’est pas tari, il reprend juste son souffle. Je pense qu’il n’a pas dû parler autant depuis bien des années.
- Vous faites quoi comme boulot, là ?
- Je bosse au cimetière. Un boulot de la ville. Un drôle de boulot où j’en ai vu, des gens pleurer. À ce moment-là, madame, on est tous pareils, oui, tous pareils, on pleure tous pareil. Oui, j’en ai vu des gens pleurer…
- Et tous les matins, vous venez aussi tôt de Libourne?
- Oui, madame. C’est que je n’ai pas le choix, c’est tout ce que j’ai trouvé. Mais ça va pas durer, vous savez, ça va pas durer longtemps comme ça, encore. Souvenez-vous de ce que je vous dis. Ça va pas durer. Bonne journée, madame.
- Bonne journée à vous aussi. Et bon courage
Et il repart, de sa drôle de démarche d’automate, comme s’il ne s’était pas arrêté, comme s’il n’avait pas parlé, comme ça, longuement, pendant que la ville s’éveille enfin.
Le bus s’arrête enfin à ma hauteur, avec sa cargaison habituelle de forçats aux yeux cernés et tristes.
- Je suis désolée, je n’ai pas du tout de monnaie.
Le chauffeur s’amuse de mon billet de 5 €
- Non, mais ça va très bien ça.
- Oui, mais sur le panneau de l’arrêt, ils disent en gros que ceux qui n’ont pas l’appoint, ils iront à la gare à pied.
Cette fois, il rit franchement.
- Non, ça devrait aller pour cette fois. Il est à quelle heure, ce train ?
- C’est le 7h22, je suis un peu en avance, mais je n’ai pas envie de le rater.
- Bah, vous êtes très large et vous avez même le temps de prendre un café avec moi à l’arrivée, ajoute-t-il avec l’œil qui frise, en me rendant ma monnaie.
Et c’est nantie de la promesse d’un petit noir bien serré que je me laisse porter à travers la ville qui s’éveille enfin. Derrière les grandes baies du bus à soufflets, je vois se dérouler toute cette petite humanité de ceux qui doivent se lever tôt pour servir ceux qui ne se posent pas trop de questions. Pas de questions sur les entrailles de la machine qui leur fournit complaisamment croissants croustillants, nouvelles fraîches et chocolat chaud dès le saut du lit.
Comme un dû. Comme une évidence. Comme un petit miracle chaque jour renouvelé au prix de bien des fatigues, bien des voyages, bien des renoncements. D’autres uniformes envahissent les trottoirs, les salopettes des balayeurs, des éboueurs, les blousons des cafetiers occupés à déployer leur terrasse, des fleuristes qui ouvrent leurs bouquets à l’ombre de leur devanture, les tabliers des bouchers qui débitent les escalopes des rombières. Le petit peuple des larbins est sur le pied de guerre quand les maîtres du monde ronronnent encore sous leur couette.
Les abords de la gare ont bien changé depuis mon dernier voyage, les travaux ont enfin laissé la place au tramway conquérant et les lumières étudiées rivalisent de clarté avec l’aube enfin triomphante. Mon chauffeur s’excuse de n’avoir que sept minutes à me consacrer, mais me promet ma revanche à mon prochain voyage. Lui s’est levé à quatre heures pour me mener à bon port.
Décidément, le monde appartient à ceux qui ont des salariés qui se lèvent tôt.
Certains ont encore du mal à voir des évidences qui s’imposent depuis déjà dix ans : Si le Parti socialiste peine à faire rêver c’est par son manque de hargne, dans sa représentation la plus visible, à défendre les valeurs de gauche.
C’est sur ce constat, et parce que de la hargne il en a, que dans la foulée du vote des motions du congrès de Reims, Jean-Luc Melenchon claquait enfin la porte du PS où il vivait “tranquillement comme spécimen de gauche, dernier marxiste” pour se “jeter dans le vide avec des communistes” et créer le parti de gauche visant rien de moins que la refonte du socialisme.
A l’initiative du journal Vendredi et accompagné des blogueurs vogelsong, Ronald d’Intox2007, Laure Leforestier, Guillaume d’Owni.fr Richardtrois, mancioday, dedalus, j’ai rencontré la semaine dernière un Jean-Luc Mélenchon balançant de la révolte au scepticisme mais dont rien n’ébranle les convictions.
La première partie de l’entretien est une charge philosophique sur les médias et la façon biaisée d’introduire le débat, l’autocensure de certains journalistes, le jeu continu entre le faux et le vrai dont vous trouverez le compte-rendu chez Piratages.
Concentrons-nous sur l’analyse du socialisme, passé présent et futur, qui sera le fil rouge du reste de l’entretien. (Je vous encourage à écouter les extraits audio jusqu’au bout, ça vaut le détour !)
Ça commence mal : Dedalus fâche Jean-Luc Mélenchon avec cette question que beaucoup se posent (tout de même) : “Est-ce qu’en sortant du PS il n’y a pas cette tentation de taper systématiquement dessus et finalement d’empêcher l’union ?“.
Colère.
JLM : “- Qui divise la gauche ? Si ce n’est ceux qui ont décidé d’y mener une politique qui n’a rien a voir avec la gauche !” [...] Je suis contre les alliances avec le Modem, parce que le modem c’est la droite. Que dois-je faire ? Me taire ou le dire ? Madame Aubry se déclare à la télé pour la retraite à 62 ans et vous me dites : comment Monsieur Mélenchon vous osez la critiquer ? Et c’est moi qui aggraverait la division de la gauche ?”
JLM poursuit son explication musclée sur la seule finalité de son parti : Forcer le PS à revenir à gauche. Il étaye sa démonstration sur son observation des mutations européennes (politiques libérales de Blair et Schroeder) ainsi que sud-américaines causées par un socialisme dévoyé.
JLM : “- La catastrophe italienne pour moi est la plus glaçante : Il n’y a plus de parti de gauche ! Ça répond à votre question ? Moi je suis obligé de me dire mais qu’est-ce que je suis entrain de faire ? Je suis entrain [à l'époque] de raconter aux gens que le débat continu à l’intérieur du PS, que faire autrement c’est diviser. Sauf que petit a petit la pente est prise, y a plus de résistance, y a pas de réaction !
Son devoir, continue-t-il, est de critiquer le PS français qui en arrive progressivement au point italien.
“- La responsabilité individuelle d’un homme libre c’est de s’opposer au moment où on peut le faire, de manière utile et constructive. [...] Il faut changer la gauche, changer son centre de gravite, rectifier son programme sur son orientation.”
Suite de la réponse en audio (A propos de la gauche en Amérique du Sud et de Chavez) :
A l’idée qu’on puisse le soupçonner d’amalgamer socialistes français et sud-américains, Melenchon repart au quart de tour :
Ré insuffler de “la révolution” à gauche tout en restant dans un cadre républicain et générer l’implication populaire.
La question de l’alliance avec le NPA, pas réputé pour sa volonté d’accéder au pouvoir, est replacée dans une perspective historique : JLM rappelle qu’il y a 30 ou 40 ans nombre de socialistes étaient bien plus extrêmes que les extrémistes de gauche d’aujourd’hui :
JLM : “- Vous avez vu ce qu’était le PS dans les années 70 ? […] On était un parti révolutionnaire. C’était marqué dedans. Il y avait du double vitrage à ma fédération et quand je demandais pourquoi on me disait : « camarade, l’ennemi de classe ne se laissera pas faire. » […] On peut toujours dire c’est pas ça qui s’est passé mais je rappelle que l’on a nationalisé toutes les banques, le tiers de l’industrie etc, etc.. et que « le vieux » [François Mitterrand] que l’on présente comme un machiavel cynique a toujours refusé de signer les ordonnances de privatisation jusqu’à son dernier souffle. »
A ce sujet, le chef du parti de gauche réhabilite la stratégie politique de François Mitterrand. Il donne sa version de l’élection de 1981 et du “tournant de la rigueur de 83″ :
1ere partie :
2eme partie :
En fin d’entretien, je lui demande si les élections régionales, avec un PS annoncé triomphant et donc peu enclin à l’autocritique, ne risquent pas de reporter son message d’encore un scrutin ? Réponse pragmatique et ouverte sur un deuxième scénario… :
Leçon de gauche terminée.
Pendant ce temps…
Dominique Strauss-Kahn est, parait-il, le candidat socialiste préféré des français…
—
» Articles initialement publié sur Les jours et l’ennui de Seb Musset
Articles connexes :
Internet qui remplace les petites annonces, c’est la mort du petit commerce, me direz-vous. Détrompez-vous ! C’est surtout une formidable caisse de résonance. Internet, c’est l’occasion de mobiliser des bonnes âmes pour faire passer votre message à leur réseau plus facilement. Passons rapidement sur le blog Vélib, qui propose un service identique autour d’une bicyclette, le Vélib semblant être un terrain propice de rendez-vous.
Nous pouvons rester quelques instants sur “Je cherche un mec, Please RT” qui a demandé un peu de RT, et donc de participation, à la twittosphère un vendredi soir. Ce n’est pas vraiment un début en il était une fois. Ça ressemble plus à une détresse bridgetjonesque post-internet qu’à Un jour mon prince viendra en nettoyant le sol. Mais ensuite, ça devient un peu plus fairytalique. unmec crée un blog pour raconter à Marion pourquoi il avait répondu et comment il espérait la rencontrer. Marion répond sur Twitter qu’elle veut rencontrer unmec dans la vraie vie et ainsi fut fait.
On peut accorder également un peu de temps à Marc qui croise une hôtesse lors d’un vol Paris – Toulouse. Il lui écrit une lettre et veut tout faire pour la retrouver :
Depuis, le 20 décembre au matin, je cherche à lui transmettre une lettre. La seule chose que je sache d’elle, c’est qu’elle habite le Gers et qu’elle fait de l’équitation…
Libération lui propose rapidement d’ouvrir un blog pour raconter son histoire. Il espère retrouver l’hôtesse. Il se donne un an. Sur son blog, il demande de relayer son appel et raconte ses péripéties. Un récit intéressant, des références culturelles, de nombreux personnages forment un récit très intéressant. Hélas, le 30 mai 2009, il arrête son blog et sa recherche avant le 20 décembre. Nous n’en savons guère plus sur le résultat de sa quête mais comme le dit un commentaire : “plutôt que la fin d’une recherche, c’est le début d’une histoire…”
Traversons maintenant l’Atlantique. Nous sommes le 4 novembre 2007. Il est 9:30. À New-York City, Patrick Moberg vient de rencontrer une femme dans la ligne 5 du métro. Il sait que ce n’est pas une banale rencontre, mais sûrement le début de quelque chose de grand. Assez habile de son crayon, il dessine un rapide descriptif de la fille en question, puis se dessine à côté.
de mignon cheveux bruns
une fleur dans les cheveux
des joues rouges
des collants bleus
un mini-short bleu
tu écrivais dans un calepin.
Il ajoute des informations sommaires sur le lieu de la rencontre. À son propos, il se dit maigre et grand. Il ajoute qu’il n’est pas fou1. Il achète un nom de domaine qui en dit long —http://nygirlofmydream.com— et y dépose son dessin. Ensuite, ne cessant de chercher de son côté, il laisse faire les autres. Après que la mayonnaise a bien monté sur Internet, tout New-York parlant de cette jeune fille et grâce à une personne qui a vu le site via une autre personne qui… On lui envoie une photo de la fille en question. Une jeune stagiaire australienne. Cinq jours après son appel désespéré, il rencontre Camille Hayton.
Cela vaut-il donc vraiment le coup de déplacer autant d’air pour une rencontre ? Drôle d’endroit —houlà, en relisant cette phrase, j’ai l’impression d’être Carrie Bradshaw avec ses réflexions à la con— Et puis, si on n’a pas la chance de rencontrer des gens dans la rue, dans le métro, dans l’avion, comment fait-on ? Internet peut être une solution pour rencontrer des gens.
Je ne peux pas vous parler de meetic, que je ne connais pas. Ni d’Adopte un Mec, que je ne connais pas non plus. Parlons donc de ce que je connais, les réseaux sociaux. À ce niveau, selon le Jacky Love 2.0 la situation peut se resumer par ce motto:
Facebook = EPIC WIN
Twitter = EPIC FAIL
D’un point de vue strictement drague s’entend. Draguer sur Facebook, d’autres en ont déjà parlé ailleurs. Entre “il est mignon ton pote sur telle photo, tu me le présentes” ou “salut, on s’est vu en soirée, on n’a pas eu le temps de discuter” qui enchaîne sur une friend-request —de la même façon que pour les exemples ci-dessous, nous ne nous intéresserons qu’à la rencontre—.
Twitter, c’est une autre histoire. Tout d’abord, les photos sont toutes petites, le MySpace angle règne en maître. Pour vous faciliter vos recherches, des utilisateurs ont prévus la liste des des jeunes femmes, des femmes mûres ou encore des hommes potentiellement intéressant.
Seulement, le physique (seul) ne fait pas tout, c’est la beauté intérieure qui compte comme dirait n’importe quelle personne sortant avec quelqu’un de moche. L’intérieur, on peut plus ou moins en juger par le contenu des tweets émis, à condition qu’ils soit un brin personnels. Donc à moins de n’avoir aucune pudeur2 et de se lancer dans des méthodes de drague (en 140 caractères) au vu et au su de tout le monde, il faut obligatoirement que la personne qui vous intéresse vous suive pour que vous puissiez échanger des messages directs discrets. Et que rapidement soient échangés des moyens de communiquer plus pratiques. Parce que discuter en 140 caractères, ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple —ma préconisation serait un échange de dm, pas plus de 20, une friend-request sur Facebook pour avoir accès au chat et une rencontre dans le mois, gTalk soudera la relation.
Pour conclure, on n’a parlé que de rencontres, on ne s’est attardé que sur le début d’une histoire et pas sur l’histoire en elle-même. C’est le credo des contes de fées, et c’est ce que j’ai tâché de raconter. Ce qui est intéressant, dans ces histoires, c’est qu’elle réveillent chez les geeks que nous sommes quelque chose. L’espoir d’une rencontre 2.0 ! Meetic est trop utilisé et pas marrant. Ces histoires sont plus excitantes. C’est un peu comme aka-aki. Vous avez envie de parler à cette fille dans le bus ? Croisez les doigts pour qu’elle soit branchée sur aka-aki elle aussi. Magie du bluetooth, elle apparaîtra sur votre écran. Mieux encore, vous levez votre iPhone, et il indique automatiquement quel est le statut de cette jeune fille. Un clic, deux mots, et elle lèvera vers vous ses yeux clairs. La suite, c’est une autre histoire, une sombre histoire de coeurs dans les statuts Facebook…
article publié initialement de manière beaucoup plus originale dans la forme sur alphoenix.net
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Impressions.
Aka-aki, c’est d’abord un design original, sympathique et un peu décalé avec Aki, un élan (d’où le titre, suivez un peu) stylisé et du vert pour couleur dominante. On remarquera qu’Aki a des bois qui ressemblent à des antennes et qu’il trône au sommet des toits d’une ville, c’est normal.
Ce qui caractérise aka-aki ?
Le réseau est en forte croissance en France, probablement suite à l’article du Monde puis par bouche-à-oreille. En quelques jours on a pu voir le nombre de connectés augmenter nettement : en vérifiant depuis un mobile, à différents horaires dans trois lieux fréquentés, qui est connecté en général et qui est connecté autour de moi, le nombre a sensiblement doublé triplé (ce texte a été modifié à quelques jours d’intervalle, la rayure prend donc un sens). Ce n’est pas le raz-de-marée encore, mais le démarrage est très prometteur.
Pour l’instant, l’aspect réalité augmentée n’est pas utilisé pleinement mais il est vrai qu’ajouter au profil et au format en 140 caractères deux couches supplémentaires, la géolocalisation à plusieurs échelles (tout près ou dans la ville) et les affinités (par stickers) donne à aka-aki un potentiel très fort. Pas étonnant que la start-up ait eu le prix de “l’idée qui va tout casser” au CEBIT en 2008.
Pour le moment, les membres racontent plutôt leur quotidien dans les statuts, on est encore dans une forme de lifecasting, comme les premiers temps où sur Twitter les utilisateurs répondaient réellement à la question what are you doing ?, du coup je m’y plie aussi car sinon je serai en total décalage. D’autres cherchent les rencontres en faisant d’aka-aki un Meetic mobile. Les gays semblent s’être emparé rapidement de l’outil : photos suggestives, pseudos évocateurs et stickers non équivoques l’attestent (à ce sujet, messieurs, je suis ravi de vous rencontrer IRL et votre amitié m’est parfois chère mais pour tout contact plus rapproché il y a pour moi un service trois pièces de trop), tout comme des statuts assez clairs. Par ailleurs, les jeunes filles se plaignent également dans leur statut d’être pas mal harcelée.
Aka-aki effectue des mises à jour régulièrement pour changer ses serveurs, de préférence le soir à minuit, et l’annonce aux utilisateurs. La croissance en volume de données échangées doit donc être assez importante, en tout cas le service a récemment annoncé 2 millions de rencontres entre membres. C’est une affirmation un peu exagérée dans la mesure où aka-aki m’indique que j’ai rencontré X un certain nombre de fois alors que dans les faits, il ne m’a jamais annoncé être à proximité de lui et que par ailleurs nous ne nous sommes jamais parlés.
Expérience à suivre…
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