[Photos] Hackers sont jolies les quotes du #ccamp11

Ultime retour d'OWNI sur le Chaos Communication Camp 2011, en images et en citations à garder en tête quand le vide intersidéral de la campagne présidentielle atteindra son summum. Bon voyage sur la planète hackers /-)

« I am happy. » C’est ainsi que John Gilmore a répondu à notre badine question « comment allez-vous ? », le dernier jour du Chaos Communication Camp. Le co-fondateur de l’Electronic Frontier Foundation et pionnier des logiciels libres résumait l’état d’esprit des participants du meeting géant de hackers qui s’est tenu à Finowfurt, près de Berlin, du 10 au 14 août. Comment ne pas se sentir heureux après 5 jours de rencontres avec des gens qui se font les chiens de garde des libertés numériques et, plus encore, phosphorent sur le monde de demain, dans l’environnement exceptionnel d’une ex-base soviétique transformé en musée de l’aviation à ciel ouvert, métamorphosé la nuit en discothèque géante par la grâce des spotlights, néons, boules disco et autres fumées. On passerait à côté de l’événement si on omettait de signaler la présence de drones s’élevant dans le ciel, et tant pis si certains ont fini crashés : amusez-vous et plantez-vous, qu’il disait, c’est le meilleur moyen d’avancer.

OWNI vous propose de (re)vivre cette semaine effervescente à travers un diaporama des meilleures photos en CC trouvées entre autres sur Flickr, dont celles réalisées par Ophelia Noor pour OWNI, ainsi qu’une sélection des propos les plus marquants des personnes que nous avons interviewées. Vous pourrez retrouver l’intégralité des entretiens en vidéo dans cet article.

Eric Corley, 2006 hacker quarterly

Emmanuel Goldstein est l’ennemi d’État de Big Brother dans le roman d’Orwell, l’homme que tout le monde doit haïr et qui justifie toutes les mesures sécuritaires de cet état totalitaire. C’est aussi le pseudonyme choisit par Eric Corley, figure du mouvement hacker américain et éditeur de la revue 2600.

Sur la multiplication des hackerspaces après le CCC2007 : « Il faut faire perdurer l’enthousiasme après la fin du camp. Il y a tellement de hackerspaces à travers le monde maintenant. Il y a toutes sortes de problèmes de base. Les gens communiquent ensemble et essayent de trouver des solutions pour les résoudre. Un problème qui était auparavant insurmontable ne l’est plus maintenant : financement, inscriptions, trouver un local… Toutes ces questions ont maintenant été résolues. C’est beaucoup plus simple de commencer le processus. »

« Les hackers ont toujours hacké tous types de choses : matériel, logiciels… C’est juste normal de se poser des questions, de présupposer qu’on ne nous dit pas la vérité. Contourner les règles, c’est juste une autre manière de faire les choses. »

« Non, je ne dirais pas que nous sommes plus libres qu’il y a dix ans. La vraie menace ce n’est pas tant les lois, c’est le processus mental. On pense que c’est nécessaire. Mais je pense qu’on peut contrôler ce phénomène en sensibilisant les gens. »

« Je regarde le futur comme quelque chose de foncièrement positif. Les personnes qui sont suffisamment intelligentes pour contourner le système ne représentent pas une menace mais un salut. Je suis sûr qu’avec les bonnes personnes, et il y en a plein autour de nous, on ne va pas se perdre dans une route sombre d’où on ne verrait pas la lumière. »

Attention, décollage de drone. Photo CC Flickr nylk by nc sa.

Birgitta Jónsdóttir, député islandaise

La député islandaise Birgitta Jónsdóttir est à l’origine de l’initiative Islandaise pour la Modernisation des Médias (IMMI), une résolution visant à faire de l’Islande un paradis pour la liberté d’expression, soutenue par WikiLeaks.

À propos des politiques et du numérique : « C’est vraiment inquiétant, ce manque de compréhension et cette pure hypocrisie. Les leaders occidentaux veulent que les Chinois, les Égyptiens, les Syriens ou les Iraniens se comportent d’une certaine façon, mais quand ils ont des problèmes, ils font exactement ce qu’ils dénoncent ! »

« Maintenir la liberté d’informer telle qu’elle devrait être : libre. »

« Je me considère comme une hacker “hors-ligne”, qui hacke le système en tentant de trouver les faiblesses des lois et de les améliorer pour le bien commun. »

« Et il est très important d’aider les gens à être inspirés, de les aider à co-créer leurs sociétés, et de leur donner les outils pour qu’ils y parviennent. »

« Ici, il y a une créativité incroyable, dans tous les aspects de la société, portée par des gens merveilleux. Je me sens vraiment à la maison ici. »

Macro, C-Base

Créé en 1995 à Berlin, le C-Base est un des premiers hackerspace au monde, même s’il se définit davantage comme un makerspace. Fort de 350 membres, il accueille des événements du Chaos Communication Club et des performances artistiques. Macro est leur “chef” actuel.

« Nos idées de l’époque (les 90’s, ndlr) se sont diffusées auprès d’un grand nombre de gens. »

Sur les années à venir : « Je pense qu’il sera plus “normal” de faire partie d’une communauté comme ça, que cela ne saura plus tellement “underground” ou étrange… »

Mitch Altman

Figure historique du hacking, créateur de la TV be gone, une télécommande universelle pour éteindre la télévision, fondateur du hackerspace de San Francisco Noisebridge, Mitch Altman a animé de nombreux workshops durant ce CCC11 dont un atelier soudure destiné aux enfants.

Sur le CCC 2007 : « Je ne suis pas venu ici en pensant que ça marquerait le début d’un mouvement mondial mais ça a été le cas. Trois hackers allemands ont juste fait une conférence sur comment lancer des hackerspaces. Comme nous avons prospéré, d’autres s’y sont mis et ont prospéré, et maintenant ils sont maintenant plus de 900 listés sur hackerspaces.org, tout autour du monde. »

« Ce réseau déjà existant qui va changer le monde comme jamais. »

On peut tout hacker. On peut hacker nos esprits, on peut hacker nos vies, on peut hacker la société et en faisant ça, on apprend le plus possible sur ce qui nous enthousiasme, ce que nous aimons, et nous l’améliorons et le partageons, on peut faire ça, et en le faisant nous pouvons créer plus d’opportunités, pour plus de gens de faire de meilleurs choix pour qu’ils puissent avoir des vies plus épanouissantes. »

John Gilmore

Pionnier des logiciels libres, l’Américain John Gilmore est aussi l’un des co-fondateurs de l’Electronic Frontier Foundation (EFF), la première des organisations de défense des libertés sur le Net. Il s’est aussi illustré en attaquant en justice les mesures de surveillance des passagers aériens mis en œuvre par les autorités américaines sous couvert d’anti-terrorisme.

« La liberté est un mème très puissant. »

« Votre connexion Internet sera probablement implantée sous votre peau dans 20 ans. »

« Le stockage de données se densifie à une telle vitesse qu’il sera possible d’enregistrer tout ce que vous voyez ou entendez au long de votre vie et d’en faire des archives permanentes auxquelles vous pourrez accéder. Une des choses intéressantes avec les humains, c’est qu’ils sont les seuls à pouvoir consulter leurs souvenirs. Les nouvelles technologies respecteront-elles ce principe, ou bien ouvriront-elles l’accès à ces souvenirs à d’autres ? »

« L’organisation de ces technologies et l’organisation notre propre système social pour y faire face seront les vrais défis. » « Sommes-nous assez résilients pour organiser ces systèmes ? » « À long terme, oui. La question est : combien de douleurs devons-nous endurer sur le court terme ? »

CCC soudure

Faire, refaire, défaire, à deux, quatre, six mains. Photo Christopher Schirner cc by sa.

Okhin, Telecomix

Okhin fait partie de Telecomix, qui s’est notamment fait connaître en aidant les Tunisiens et Égyptiens à se connecter à l’internet, au moyen de vieux modems téléphoniques classiques, quand leurs autorités avaient coupé, lors du Printemps arabe, l’accès au Net et au réseaux de téléphonie mobile.

« Il faut s’amuser en défendant les libertés ! Sinon, nous on ne le ferait pas. »

« Le data love est un principe très simple : nous devons aimer nos données, en prendre soin, leur donner la possibilité de se propager, de circuler, d’atteindre leurs objectifs, de ne pas être restreinte à un environnement, un endroit. C’est un peu une version hippie d’une approche de l’informatique où on ne va pas détruire mais construire avec ce que l’on a pour faire circuler des données et propager l’information et la communication partout. »

Rop Gonggrijp

Le Hollandais Rop Gonggrijp est un acteur historique de l’Internet en Europe et une figure hacker majeure. Il a, entre autres, co-fondé le premier FAI pour les particuliers, XS4ALL.

« On a atteint les limites de beaucoup de choses en même temps et nous entrons maintenant dans une ère de déclin et les sociétés vont devoir s’adapter à des circonstances qui évoluent rapidement. La résilience désigne la force et la capacité d’adaptation aux circonstances changeantes, donc une société résiliente est une société qui s’adapte bien et qui a le temps de penser qui a force intérieure utile quand une merde arrive. »

Sur l’évolution de la communauté hacker depuis 2007 : « c’est une grande communauté variée, qui comporte tous ces différents aspects : construire vos propres trucs, comprendre le monde, ça concerne la politique, ça concerne la technologie. En ce qui me concerne, c’est ce qui m’a toujours intéressé. Donc oui, dans un sens, c’est un rêve devenu réalité. »

« Même avec toutes les tentatives d’oppression que l’on voit en ce moment, faites par les gouvernements pour contrôler l’information sur Internet nous avons beaucoup de marge avant que ce soit aussi répressif dans les faits que dans les années 1980. »

James Carlson, School Factory

James Carlson a fondé School Factory, une association américaine non-lucrative qui “construit des communautés qui créent de la valeur et des espaces qui transforment l’éducation.” Hackerspaces, makerspaces, espaces de co-working, avec School Factory, l’esprit hacker souffle dans l’école.

« Les hackers peuvent changer la façon dont l’éducation fonctionne en utilisant les valeurs communautaires qu’ils ont créées la collaboration, le travail manuel pour créer différentes choses et aussi un élément de la culture hacker qui dit que que nous pouvons apprendre de nos échecs. Si l’école et l’éducation pouvaient tirer profit de la valeur de l’échec et l’utiliser comme outil pédagogique elles seraient plus efficaces. »

« Les hackers et les makerspaces sont les écoles du futur, des gens de tous âges s’instruisant ensemble sur des sujets qui les passionnent et partageant leurs expériences et leurs erreurs. »

Image de une PaternitéPas d'utilisation commercialePartage selon les Conditions Initiales par t.animal

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