Le PS remplit ses urnes et ses caisses

Le 10 octobre 2011

La primaire remplit les caisses du parti à la veille de la présidentielle. Avec 2,3 millions de votants au premier tour et une moyenne probable d'environ 1,4 euro par électeur, la primaire socialiste s'apparente à un commerce fructueux.

En atteignant 2,665 millions de votants à un euro de participation minimum dimanche 9 octobre, le Parti socialiste a d’ores et déjà remboursé l’intégralité des frais de l’organisation des primaires : selon le trésorier du parti, 3,2 à 3,7 millions d’euros auraient été récoltés, contre 3,5 millions d’euros de budget pour les deux tours du scrutin. Validé ce matin par la Haute autorité des primaires, le taux de participation supérieur aux prévisions n’est pas seulement une démonstration de l’efficacité de la démarche mais aussi une bonne opération de financement de la campagne présidentielle.

1,4 euro en moyenne

Dimanche, l’affaire a plutôt bien fonctionné. Du fait de l’impossibilité de rendre la monnaie et de la consigne donnée aux assesseurs de préciser que la participation était libre, la moyenne des contributions était systématiquement supérieure à 1 euro. À Saint-Étienne, la moyenne s’établissait ainsi entre 1,4 et 1,5 euro. Assesseur dans un bureau parisien d’un peu plus de 800 votants, une militante a compté une « caisse de participation » supérieure à 1 200 euros. Le premier tour ayant coûté 2,5 millions d’euros, la collecte sera donc mathématiquement excédentaire. « Nous avons même récolté un minimum de 8 000 euros pour les bulletins blancs, s’amuse un permanent de Solférino. Maintenant, on a de l’argent. »

Pour le second tour, beaucoup de coûts auront déjà été amortis (publicité, tracts, site Internet, etc.). Ne restent à réinvestir que pour l’impression des bulletins (par jeux de deux au lieu de six), la distribution des enveloppes, les procédures de sécurisation (huissier, confidentialité, destruction des données nominatives, etc.) et l’infrastructure de remontée de données pour vérification. Un total avoisinant le million d’euros. Or, si les listes d’émargements permettront aux votants du premier tour de s’exprimer sans avoir à verser de PAF, les nouveaux participants et ceux qui souhaiteront contribuer viendront faire grossir la collecte. Et, comme pour tout scrutin d’enjeu national, les socialistes comptent bien sur une participation plus forte encore au second tour.

En théorie, la contribution d’un euro par votant aux primaires n’a rien de « symbolique ». Pris dans son ensemble, l’organisation des deux tours de scrutin représente un budget de 3,5 millions, selon le trésorier du PS (un demi million de plus que le coût évalué au départ). Soit un peu moins de la moitié du budget total (7 à 8 millions d’euros) prévu pour la campagne socialiste à l’élection présidentielle. Suite à une décision rendue par la Commission nationale des comptes de campagne et financements politiques, ce mode de désignation choisi par le parti ne peut faire l’objet d’un remboursement prélevé sur des deniers publics. Plutôt que de pomper dans les caisses du parti, le PS a préféré faire tourner le chapeau, sur le principe de la libre participation, comme il a l’habitude de la pratiquer dans les meetings.

Frais annexes et grosses économies

Organisée par les instances nationales du PS, la primaire est financièrement gérée par le trésorier du parti, Régis Juanico :

La somme des participations est consignée, au même titre que les résultats, dans le procès-verbal de vote qui est transmis à la Haute autorité des primaires. Le président du bureau de vote doit ensuite aller déposer dans une agence de la Banque postale l’intégralité du montant sur le compte dédié « Primaires 2011 ».

Une fois en banque, la somme a d’abord vocation à régler les frais des primaires. Quant à l’excédent, comme pour tout meeting du PS, il rentre dans le budget du Parti avec pour mission de financer la campagne, comme le précisait clairement le site questions-réponses de la primaire :

Pourquoi la participation aux frais est-elle fixée à 1 euro ?
Il a été décidé de limiter ce montant à une somme permettant de n’exclure personne. Il vous sera possible, si vous souhaitez contribuer davantage, de verser également un don du montant de votre choix, dans les limites légales, pour financer la future campagne pour le changement en 2012.

Seule exception envisagée par le trésorier du PS : les indemnités d’occupation des bureaux de vote. La plupart du temps prêtées gracieusement par les mairies, certaines écoles ou salles communales ont fait l’objet de compensation pour mise en place et entretien (présence d’un agent municipal, mesures d’hygiènes pour les salles de classe, etc.). A Paris, chacun des 260 bureaux de vote a été loué 700 euros par la mairie. Sur Nice, 14 000 euros ont été demandés pour la totalité des salles. Selon un proche de Martine Aubry, le maire du Raincy, l’UMP Eric Raoult, aurait facturé 7 000 euros l’accès à chaque local… En théorie, ce budget est à la charge des fédérations mais le parti envisage de compenser tout ou partie de ces frais avec les éventuels « bénéfices » des primaires, notamment pour éviter que certains départements ne déboursent plus que d’autres.

Mais c’est un bien maigre effort comparé à certaines économies réalisées par le Parti. A côté des listes d’émargement, les formulaires de contact ont connu un énorme succès dans les bureaux de vote, selon le trésorier du PS :

20 à 50% des participants ont laissé leurs coordonnées ce qui constitue une base de données de un million de personnes qui nous sera très utile pour les élections nationales comme locales à venir : c’est un très bon investissement.


Photos et illustrations vis Flickr par Jonathan Probe [cc-by-nc-nd]
Kit des primaires socialistes

Papier mis à jour le 10.10.2011 à 17h47.

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