Les Data en forme

Le 27 février 2012

Cette semaine la veille des journalistes de données d'OWNI vous propose de programmer le futur, d'analyser les sentiments des candidats à la présidentielle et de découvrir enfin qui dirige le monde. Parce qu'on a beau respirer du datajournalism à chaque seconde, on reste des êtres humains. Finalement.

Au cours de notre veille de la semaine, nous sommes tombés sur cette fenêtre. Sobrement intitulé “The Country Comparator”, le projet se résumait ainsi : “Basé sur les statistiques de l’OCDE, réalisée en HTML5 et utilisant Raphael JS”. Il avait donc déjà tout pour faire battre le petit coeur de Paule d’Atha.

Le projet tient ses promesses : “The Country Comparator” est la nouvelle réalisation d’Anthony Veyssiere, l’un des papas bien inspirés de Retwith 2012, visualisation interactive de la popularité des hommes politiques sur Twitter, vainqueur d’un prix au concours YouTube/Elections 2012 que nous avions déjà fait évoqué dans les Data en forme.

Cette application permet de comparer les pays de l’OCDE selon trois thématiques (santé, société, travail) et plusieurs indicateurs : taux de suicide, consommation d’alcool, taux de chômage, taux de fertilité, espérance de vie,…

Le concept n’est pas sans rappeler celui de World Shapin, basé sur les données des Nations Unies et dont nous vous parlions déjà dans les Data en forme. Son efficacité permet de penser qu’il serait notamment fort utile à nos décideurs politiques pour comparer – et sur des données justes cette fois -, le couple franco-allemand, si important à leurs yeux.

service-public.uk

De l’autre côté de la Manche, les Britanniques construisent brique par brique le futur des services publics. Après avoir été l’un des premiers à se lancer dans l’ouverture des données publiques, le gouvernement de Sa Majesté va encore un peu plus loin dans l’idée d’Open Governement et la question de la réutilisation des données (dont OWNI se faisait l’écho cette semaine) en ouvrant (encore en BETA pour l’instant) un site dédié à l’information et le service au public, sobrement intitulé gov.uk.

La recherche se fait par mots clefs, l’interface est claire et simple d’utilisation, tandis que le contenu renvoit à des éléments aussi divers que les dates des vacances scolaires, les démarches à faire en cas de décès d’un proche ou encore le montant des taxes locales. De nombreuses procédures peuvent être réalisées en ligne : payer un amende ou signaler un délit.

Côté français…

… l’Open Data avance aussi, mais à petits pas. Etalab – la mission gouvernementale chargée de l’ouverture des données publiques, qui a lancé data.gouv.fr en décembre dernier – a annoncé l’ouverture de Dataconnexions. Présentée comme une “communauté de projets” visant à favoriser les échanges et créer un lien entre les “offres” de service et les « demandes » des porteurs de projet, ouverte à tous les “professionnels de l’open data” (journalistes, étudiants, free lances, start up…), Dataconnexions promet quatre concours en 2012 et quatre rassemblements de co-working.

Essentiellement tournée vers l’aspect économique et “professionnel” de l’Open Data, Dataconnexions n’en reste pas moins une initiative prometteuse.

Autre initiative à relever, celle de l’Open Data School, portée par deux étudiants en Master 1 de l’ESCP, Rémy Lombard et Ludovic Péran. Leur équipe – Data Team – a remporté le Challenge Administrations 2020. Organisé par la direction générale de la modernisation de l’Etat, ce challenge “propose aux étudiants d’imaginer, par équipe de deux ou trois, des projets pour simplifier la vie des citoyens, des familles, des associations, des chefs d’entreprises… bref de tous les usagers des services publics“.

Le projet de Data Team :

“sensibiliser et former les agents de la fonction publique, producteurs de données, à l’open data pour en accélérer le développement en France et en améliorer la qualité (…) par le biais d’un parcours de formation, interactif, sur Internet ou un séminaire de formation”

Leur motivation :

“Nous pensons que cette plateforme (data.gouv.fr) doit inclure le citoyen au cÅ“ur de son fonctionnement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Le site reflète la logique du projet d’opendata français qui est uniquement top-down alors qu’elle devrait être bottom-up. (…)

Selon nous l’innovation ne consiste pas à proposer au citoyen ce qu’il attend mais ce qu’il n’attend pas et dont il a pourtant besoin, c’est notre leitmotiv pour mener à bien le projet.”

On ne saurait mieux l’exprimer.

Autopsie d’une infographie

Refermons ce paragraphe sur l’Open Data, tout en gardant l’onglet “formation” en tête.

Pete Warden (ancien d’Apple, fondateur d’OpenHeatMap) nous explique sur O’Reilly Radar les dessous de sa dernière visualisation, qui permet d’observer où les usagers américains de Facebook partent en vacances et de constater ensuite, pour n’importe quelle destination, le top 10 des villes d’origine.

Sans être révolutionnaire, cette visualisation, fonctionne parfaitement et apporte une réelle information : Pete Warden aborde toutes les étapes de la conception (récupération des données, nettoyage des tableaux, choix de la visualisation, réalisation,…) de manière vivante et très didactique  : on prend un cours de dataviz sans s’en rendre compte.

Nations Unies = Illuminati

Ou le complot mondial enfin révélé grâce à David McCandless. Son infographie “Who Runs the World” / “Who Really Runs the World” est encore une fois très réussie : simple, esthétique, ergonomique. Et même humoristique.

On vous laisse découvrir la vérité sur ceux qui nous dirigent. C’est juste au bout du roll over.

Notre deuxième infographie de la semaine, “Envisioning technology” réalisée par Michell Zappa vous propose de plonger dans le futur. Mais pas n’importe quel futur : pour Michell Zalla, le futur, c’est serious buisness, et bien “plus qu’un travail de devinette“.

Son travail – conseiller en stratégie technologie – consiste à observer et analyser les tendances émergentes, et à en tirer des conclusions sur la façon dont se développe la sphère technologique.

“Envisioning technology” matérialise cette recherche : une frise chronologique, de 2010 à 2040, une infographie divisée en 11 bandes colorées, chacune représentant une catégorie de technologie évoquée par Michell Zalla: intelligence artificielle, robotique, Internet, énergies, biotechnologie,…

Les différentes innovations sont positionnées dans la frise face à l’année censée voir leur apparition, et elles sont graduées selon l’impact sur l’utilisateur, l’importance et le croisement technologique supposé.

Ainsi, les fans de K2000 seront donc ravis d’apprendre que les voitures comme KITT (conduite automatique) seront légion dès 2018 et l’Etablissement français du sang pourra arrêter ses campagnes d’appel au don du sang à partir de 2017, quand le sang synthétique aura fait son apparition.

Aux côtés des traditionnels robots et évolutions des machines technologiques, on trouve des idées plus incroyables comme le “brouillard utile” daté en 2039 : nuage de robots microscopiques dont la forme et les fonctionnalités évoluent en fonction de la demande.

Scan politique

Terminons notre épisode des Data en forme par un petit tour vers notre scène politico-médiatique.

Le Figaro a lancé spécialement pour la campagne 2012 un baromètre des opinions exprimées sur Internet à propos des candidats à la présidentielle, Le Scan.

Ce baromètre compile plusieurs sources de données comme l’explique l’article dédié à la méthodologie :

Le Scan écoute en temps réel un grand nombre de sources, identifie les contenus qui évoquent une ou plusieurs des personnalités étudiées : articles (…), vidéos (contenus audiovisuels publiés par des médias professionnels et transcrit pour être analysés par la plateforme Voxalead de notre partenaire Exalead((propriété du groupe Dassault, NDLR))), blogs (…), Facebook (…)Le Scan n’écoute que les status rendus publics par ces membres.”

A chaque contenu web, le moteur d’analyse sémantique du Scan attribue un sentiment positif ou négatif, dont l’association permet de mesurer plusieurs classements :  sentiment dans les médias, sentiment sur les réseaux sociaux, volume de citation, recrutement des fans (sur les réseaux Facebook et Twitter). A toutes ces informations s’ajoutent la possibilité de voir l’actualité des personnalités dans les médias et un classement de leur popularité.

Un contenu intéressant, malheureusement peu mis en valeur par l’ergonomie du site qui fait se juxtaposer les différents classements. Les fonctionnalités à l’intérieur d’un classement sont par contre bien conçues, permettant d’ajouter ou ôter autant de candidats que souhaité.

En forme cette semaine selon Le Scan : Eva Joly et François Bayrou. En panne : Marine Le Pen.

Si les classements sur la présidentielle vous intéressent, jetez un oeil à celui-ci, il n’est pas trop mal /-)

Bonne data-semaine à tous !


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